Category: Le banc des gueux

0/7 Redux

Les mythes ont toujours été une constance d’inspirations ; leurs adaptations, rénovations, re-interprétations, leurs réinventions des caisses à résonance très près du coeur. Et des sources intarissables de rires à répétition.

Bien que je tienne l’humour d’Ovide en cime d’estime, je ne peux nier que Giraudoux ne faillira jamais à me secouer l’échine ; Anouilh et Sartre m’amusent et m’ébranlent ; Cocteau me parle.

Il y a quelques années de cela, alors que j’engouffrais mon plus gros pavé, une biographie NRF écrite de la plume si élégante de Claude Arnaud revenant sur ce début de siècle, il m’est apparu combien les mythes antiques imprégnaient l’entière étendue des lettres, comme un motif omniscient. M’est alors venue cette envie de les traquer à vif, de les coucher au propre, les ayant tous recouverts. A mesure que je tournais les pages, je glanai la pulpe de ma lecture qui se coinçait entre les dents et j’en tirai quelques indices qui mèneraient à une quête, bientôt déçue et non seuvrée par les temps qui manquent.

J’ai numéroté ces vieux billets et les ré-éditerai dans leur ordre d’apparition, comme une nostalgie qui s’étire et se tord à l’envie.

C’est ici, pour retourner à leur quête.

See off Lava

Je viens d’engloutir Le voyage dans le passé, pressée par une emprunteuse de fortune. Le texte court, exalté, presque fiévreux lèche avec fraicheur la pesante lourdeur accumulée en ces temps de touffeur, de tumulte intérieur et de précipitations hystériques. A fermenter de la nervosité, on se sent s’échapper vers des malaises qui s’échauffent, qui chantent telles des cocottes qui étouffent de leurs fragrances frétillantes. Parfois dans une fabrique de suspension, je m’imaginons que tout est gon. Tout est gon et tout est dénoué à la fin, parfum d’apocalypse à mesure que se voit approcher un emmêlement, et encore un suivant. Ils s’enchevêtrent en un souci d’amoncellement, jusqu’à ensevelir leur ouvrière de nouveau.

J’ai l’humeur orangeâtre. Amère et juteuse, énergique et revancharde. L’attrape-peur a pourri dans son repaire et a battu à plates coutures son propre jeu d’aiguilles. Il a éclos de sa cachette une raillerie, une familiarité improbable, et croupi dans une vaste région, il subit les assauts incessants des sens sans dessus ni dessous.

J’ai l’humour marronâtre. Terne et sali, aux nervures repliées.

Qu’il aime donc de même à son tour et de même ne puisse posséder l’objet de son amour !

Alors que je suis penchée sur une page poétique tissant la Grandeur d’un Dieu, mes cils dévient leurs martèlements vers un poème qui leur fait front… Cela nous méritera bien une interruption après engloutissement d’une relecture mythique des Métamorphoses, III, 501-535…

Fred Chappell, 1985
Narcissus and Echo

Shall the water not remember Ember
my hand’s slow gesture, tracing above of
its mirror my half-imaginary airy
portrait? My only belonging longing;
is my beauty, which I take ache
away and then return, as love of
teasing playfully the one being unbeing.
whose gratitude I treasure Is your
moves me. I live apart heart
from myself, yet cannot not
live apart. In the water’s tone, stone?
that brilliant silence, a flower Hour,
whispers my name with such slight light:
moment, it seems filament of air, fare
the world becomes cloudswell. well.

Elle est au café

Le plein air intérieur donne l’occasion de jouer le jeu de la grenouille sauteuse : jappe et frétille, les yeux baroudeurs…

Plein de plis sur le papier
De la serviette imprégnée :
J’ai renversé mon café.

Onze tubes de blues
Bip bop, floc dans le ventre
Ma bouche ne se brûle plus.

Trois anglaises
Une table triangulaire
Pas de troisième vers…

Jeux de pieds
Méli-mélo de mains
Les canapés sont pleins.

Dans l’angle coincé aux murs
Fixer ses chaussures
Devient dur.

Au plafond pas de rainure
Mon pouls n’a pas besoin de levure
Pour enfler…

Croque-monsieur et café
L’heure à New York
De dîner.

Part I
Aversion dehors
Les injures pleuvent.
J’ai la goutte au nez

Part II
en m’imbibant de café.
Dehors les passants se meuvent,
Et les voitures glissent sans effort.

Darling you got to let me know

D’haleine en jack, de branchements en greffes ratées de fief musical, je crie de coups et ris des miens. Ris, olé ! Ris au nez ! Quand cancane à corde rompue la connaissance du quand ? Le temps tant mon éternelle hantise, le temps ma tentation. Le temps d’avant, les événements, la menterie au présent, les rillettes d’esprit, l’encéphale charcuté.

J’émettais l’hypothèse encore hier, d’une dispersion du ciboulot dans les pores de la peau : que la tête dorénavant ressentait puis reconstituait, sans dessus ni dessous. I can look in your face for a thousand year. Mille ans à te chercher dans tes traits. Mille ans à charrier ton reflet de mes regards. Mille ans à scruter les rigoles qui me labourent. Mille ans à ne te haïr plus.

Sur la route, on voit des anges dans des mirages ; dans des grésillements, on sent des poids dans des gorges endiguées de baleines blanches. Watts that Isaac quand tu te penches, c’est une dune dans ton dos. Ave Mahalia, celui qui va mourir te salue. Washington théorise, l’invisible s’assombrit, Robeson sympathise, les Rolling Stones décampent mieux que Pan Pan – et tap tap tap, le bruit des pattes ! L’histoire est une chose qui tape sur le système. C’est un puits à névroses… Avec un rebours de quatre jours, une mèche vient jouer au pendule devant mes yeux et m’irrite les nerfs. Ça fulmine, mes molaires bouffent des joues. Des joues bouffies de souffler. Un vrai ventilateur.

Bref bref bref. Parce que je suis sous le signe astral des incohérences de pot-pourri à la Moby Dick (oh, mais quelles jolies jonquilles) : très chouette salon (mes cordes vocales s’usent comme sable au soleil, paix aux âmes des oreilles), très cool docu (même si certaines images laissent pantois, on s’interroge sur le degré de pantomime avec lequel gigotent réalisateur et spectateur), rétrospective rocheuse aussi rafraîchissante qu’un filet d’eau minérale, et sainte fatigue après les cuves de caféine déversées dans le goulot…
Mais curieusement, quand on boucle son clapet et qu’on retient son souffle, on est investi d’une alternative salutaire : se taire, c’est aussi s’ouvrir au souffle des autres. C’est s’aérer les sens et renverser ses fluettes et faméliques évidences.
Bigre ! Comme mon hémisphère dextre fait des ricochets sur mon ambidextre, ça gigote et ça clapote, avant de s’engouffrer en dessous de la surface (un caillou des profondeurs, c’est un caillou que l’air ennuyait ; devait avoir fait le tour du disque solaire).

Elle n’est pas sérieuse cette histoire ; de responsabilités moirées en crâne qui gargouille, tout est prétexte à tâcher le temps fâché. Vas-y, gronde tissu voleur ! Je plongerai pour mon caillou, de profundis. Et puis je l’émietterai pour ma fronde, alors tu peux les frictionner tes sourcils, ils flancheront comme des mouches pleines de foudre. Si on les broie de nos semelles, un courroux roi crachouille : crouk crouk, c’est le fils du temps qui tonne. Atavique fureur ! Classiques soupes-au-lait cru ! Temps et temps bras dessous, bras dessus.

Bon. (heurts visuels, didascalie) Expulsion réussie, arrêtons de trépigner et abandonnons cette course contre la montre à glousser.

Leisure is such a torture.

Amer hic

I saw the best minds of my generation destroyed by madness, starving hysterical naked

Rien de plus criant ne saurait exprimer l’aliénation des classes du fait d’une poignée d’esprits déshumanisés dont l’appétit féroce n’a d’égal que la folie individualiste. Curieuse chose d’une citation individuelle ? Non pas, quand cet individuel se fait l’écho d’une universalité intemporelle lorsqu’on constate la situation actuelle. Les guerres n’ont jamais cessé le feu, les âmes de s’élever et de s’ensevelir sous le poids d’aspirations à couper le souffle d’une montgolfière. Les hommes sont tous asthmatiques ; mais certains ne le pénètrent qu’à l’heure du funeste retrait ; ils s’obstineraient toujours si la vie ne leur était ôtée de la bouche…

On happe comme on peut. Où sont nos prophètes, nos poètes, où sont ces badauds dont les odes devraient se doter d’une place commode en Nous-mêmes ? Quel oxygène pour quel peuple ? Et si source d’inspiration il y a, si buée il existe, pourquoi je ne sens rien, pas de courant, pas d’odeur, qu’est-ce qui suivrait Méduse-Echo-Pandore ? La masse est-elle en voie d’extinction ? L’environnement, la pauvreté, les injustices, sont-elles des causes artistiques ? L’art tourne-t-il a-politique ?

Je pense bien que non, plus une sensation qu’une pensée connaissant ma vacuité d’actualités, mais où faut-il fouiner cette fois pour perforer cet instant présent mural ?

An Asphodel

O dear sweet rosy
unattainable desire
…how sad, no way
to change the mad
cultivated asphodel, the
visible reality…

and skin’s appalling
petals–how inspired
to be so Iying in the living
room drunk naked
and dreaming, in the absence
of electricity…
over and over eating the low root
of the asphodel,
gray fate…

rolling in generation
on the flowery couch
as on a bank in Arden–
my only rose tonite’s the treat
of my own nudity.

Je change mon fusil d’épaule et j’en retire la poudre, fatiguée de remuer ce piètre exercice d’illusionniste : je ne suis qu’une ramoneuse. Mes chiffons se flétrissent dans la poussière, même l’antique n’est d’actualité qu’un temps. Certes, le cycle d’influence l’aspire et le rejette en continu, mais il se mêle aux maints mouvements des lettres, car les découvertes sont sans arrêt renouvelées.

Fin de la parenthèse et parlons d’appétit mystique ; d’ailleurs le travail de Allen Ginsberg serait un parfait drugstore pour cowboys désoeuvrés.
Et comme un prophète, il vient me proposer une issue à cette observatrice qui martelait ma cellule, cette kyrielle de courbes en suspension sur des points, en forme d’oreille comme si à peine posée, elle demandait déjà à être rassasiée. Voilà l’issue :
It’s a vast Trap. And god save the poor young students who know nothing but that mad incestuous atmosphere.
god, une issue ? C’est rhétorique bien sûr (non, rien n’est moins sûr…), la solution est dans l’inceste qu’il faut cesser. Il faudrait empêcher les lions de pénétrer l’arène et les relâcher dans la nature afin qu’ils se nourrissent de la diversité, la vraie, celle qu’ils révèlent au reste, celle qu’ils exhument de leurs repas.

Etrange répercussion à rebours entre les Beats et les Lost :

‘America I’ve given you all and now I’m nothing’

Dans la Rome antique

Il se trouve qu’une forêt peuple mes fibres et leur insuffle un doux parfum de chagrin ; à cet instant même, quelques violons entament des accords entraînants qui circulent dans mes orifices auriculaires. Etonnant de sentir mes pores expirer, et aux notes – des tambourinades – discerner les secousses contre le rebord dont ma péninsule plantaire est coupable. Par des tapotements poussés par des sons, c’est mon corps tout entier qui vibre.


(Possibilité de presser)

Une vibration entre autre battage intra-jugulaire ; c’est la sonate d’outils naturels, un orchestre de soi que la musique elle-même conduit.
Qu’un corps est une merveille, une telle merveille… Mais l’esprit qui peut se représenter ce corps et qui en livre son interprétation est encore plus miraculeux : c’est sa propre image qui émeut à la pensée de sa disposition, c’est sa sale imagination qui par ses artifices falsifie et enflamme notre moi. Mais que le corps y réponde si harmonieusement (docilement ?), qu’il matérialise et inspire en un temps, c’est une gamme unique et intarissable. Comment font ces gens fragmentés ou pétrifiés dont le statut scelle leurs sens ? Avant la date butoir, vient l’envie de clamer « à votre santé » autant qu’à votre venimeuse débiteuse.


(Possibilité de presser)

Mais un corps n’est pas toujours édifié pour solo, il faut être particulièrement brillant et indépendant. En ça, le romantisme n’est-il pas une cure par l’esprit ? Ou bien est-il plus judicieux de parler de poison lent et indéfectible ? Je m’étonne parfois à la manière dont on s’enivre pourquoi jamais n’a-t-on écrit de rhumantisme, car les gens n’y auraient pas prêté oreille. Peut-être que les origines de la substance nuisent à l’esprit de l’humeur, trop de sourires animés. Comme les violons sont les meilleurs amis de la mélancolie et que le piano s’avère être un agréable colocataire.
Admirer les contours de la vie réanimée d’une mondanité séculaire, étendre les paupières devant des miettes sur des lèvres et du sang dans du nez, aspirer à une ombre qui balaye les miettes d’une bouffée que l’on nous retire et embuer ses pas d’une vapeur pastorale dans le matin : qu’importe les visites du genre, tant que le temps s’y prête, les vestiges seront toujours les fondations inédites de fraîches évaporations. Le corps sera toujours tendu au consentement de sa conscience et combien de mariages à l’envers, oui.


(Possibilité de presser)

Il enfle le four à ferveur, comme une grenouille dans une boucherie.
En parlant de genouille(R), it seems obvious that bodies and studies fit together. Mes excursions avec la coopération des poètes élégiaques vont se produire dans mon paysage mental, conçu tout spécialement à l’occasion du poétiquettage classieux des pas classiques.
Mais comme on ne pourrait tracer plus vain et inhospitalier seuil, place à la musique :

The World Is Too Much With Us

The world is too much with us; late and soon,
Getting and spending, we lay waste our powers:
Little we see in Nature that is ours;
We have given our hearts away, a sordid boon!
The Sea that bares her bosom to the moon;
The winds that will be howling at all hours,
And are up-gathered now like sleeping flowers;
For this, for everything, we are out of tune;
It moves us not.–Great God! I’d rather be
A Pagan suckled in a creed outworn;
So might I, standing on this pleasant lea,
Have glimpses that would make me less forlorn;
Have sight of Proteus rising from the sea;
Or hear old Triton blow his wreathed horn.

Je m’interroge… D’autres se sont-ils montés la même réflexion, par d’autres matins de jours bien divers ? Sans éprouver son honorable courroux, il a su faire se répercuter cette idée latente de divinités incarnées dans la nature. Sans percevoir un quelconque vouloir d’arrivée natale par un temps ancestral (quitte à décocher son dévolu au travers les âges, autant s’en remettre à des lieux plus propices au confort domestique), j’adhère à ce mode ironique offrant une alternative au gâchis environnemental en considérant l’homme comme un moins que mouton en constante recherche de berger pour savoir paître son herbe.
Etait-ce accidentel de Wordsworth ? A considérer son patronyme, il serait bien biaisé/bête de le laisser présager : ou bien suis-je une bécasse, ou bien je suis une démente.


(Possibilité de presser)

Je ne crois pas être partie de Jane tandis que c’était mon intention initiale. De toute façon, la gente et prodige (et charitable, pitié) terminaison du calendrier de l’avent me livrera de quoi ressasser ces inclinaisons dans les mésaventures romanesques (ou sans patience, la nuit surpassé ce post).
Il faudra aussi m’exposer comment elle a présidé ce qu’elle a ignoré : des égarements de modernes dirons-nous dans l’ajustement au prix de l’après jus d’ici.

* * *

Martin, est-ce que tu viens demain ?

Les Puritains étaient de sacrés diables : au-delà de la course intenable d’un vent de volonté infiniment bienveillante ; d’un idéalisme rené de radeaux écorchés vif ; d’une foi miraculeuse enracinée dans la rescape de périls qui ne le furent pas moins ; d’un faillible désir de planter rien d’autre que les germes d’une nation neuve sur pilotis ; il y a… ce petit accrochage avec le réveil supérieur et les sermons destinés aux pécheurs qui tiennent au bout de leur ligne, de gluants spécimens grouillant leurs pores de la venimeuse substance originelle, divertissant de la grandeur souveraine en tout espace, qui les jettera sans discernement un par un dans le gouffre incommensurable de l’infernale fournaise courroucée, et qui en plus, se fera une joie sadique de voir quelques têtes blondes se muer en torches mortelles.

Tout ceci n’est bien sûr pas expulsé par un cerveau submergé d’americanizm – quoi que – mais par quelques momies ramifiées affectueusement sobriquetées pères fondateurs (géniteurs mal heureusement stériles parfois…). Ces bigots promoteurs prônaient la prière et le don d’esprit afin que dans la piquante localité de la hargne, il ne vous arrive pas par mégarde de fouler la traboule de la descente en sens unique haut-en-bas vitesse V(ie) avec précipice pour ruban d’arrivée.


(Possibilité de presser)

Extrait pour le plaisir des sangs :

“ O sinner ! Consider the fearful danger you are in : it is a great furnace of wrath, a wide and bottomless pit, full of the fire of wrath, that you are held over in the hand of that God, whose wrath is provoked and incensed as much against you, as against many of the damned in hell. You hang by a slender thread, with the flames of divine wrath flashing about it, and ready every moment to singe it, and burn it asunder; and you have no interest in any Mediator, and nothing to lay hold of to save yourself, nothing to keep off the flames of wrath, nothing of your own, nothing that you ever have done, nothing that you can do, to induce God to spare you one moment.

… Oui, ça transpire l’amour de son prochain, mais le message subliminal à faire surpasser (car un sermon, c’est avant tout de la communication – un excellent exercice pour se former la voix pour des publicitaires en herbe grasse ou des rhétoriciens voltigeurs), c’est avant tout : prie mon fils, le ciel te laissera pas tomber.

Alors une interrogation aérienne soulevée en classe, catégorie poids plume : les puritains ancrés dans leur période empreinte de profond calvinisme, sinon de solide protestantisme, pourquoi adjuraient-ils tant de prier s’ils juraient en la prédestination ?

Quelques clics devraient me conduire à la vérité suprême, l’issue mercantile ayant été à demi convaincante ; mais si indolents sont mes sens, et la paresse n’est-elle pas un prestigieux accessoire du kit PPP (Panoplie de la Parfaite Pécheresse) que je viens d’ailleurs tout juste de remporter sur Ebay.sin ?

First Sparkle of the Stars

Je ne sais, je ne sais
Ce qu’ensemble les humains se disent
Comment les amants, les amants se meurent
Et comment s’efface la jeunesse

Je ne puis comprendre
L’amour des mortels
pour leur terre, leur terre natale
─ Toute la terre leur appartient

Pourquoi près d’une tombe ils pleurent
une voix, un visage
Sans en accueillir jamais, jamais
D’autres

Et moi, à l’apex
du cercle de la nuit
En plein vol, jamais n’ai connu
plus forte ou plus faible lumière

Chagrin, c’est ainsi que l’on nomme
Cette coupe à mes lèvres
Hélas, de tous mes jours sans fin,
Jamais ne devront boire.

C.S. Lewis

C’est curieux comme sa lecture m’a émue ; comme les larmes ont effleuré mes cils, à rebrousse poil au vu des difficultés qu’elles rencontraient à percer. Je ne saurais dire pourquoi : peut-être était-ce finalement sur la lecture du Dernier rayon de soleil dont ce poème concluait le récit ? Mais non, le récit ne s’est pas avéré assez émouvant et tourmentant pour appeler à cette émotion.

Peut-être s’agit-il de l’écho d’un poème renvoyant bellement à un monde que l’on a intensément côtoyé pendant des heures ? Mais si finalement, toute cette présomption n’était ici que pour minimaliser l’œuvre de Lewis ?

Oui, dire tout cela, c’est insulter son travail et son talent. Placer ce poème dans mon contexte peut expliquer ce transport, mais nous ferions bien mieux de l’attribuer à sa place et son choix justes de mots touchants.

Mais voilà que d’autres larmes affluent aux paupières : leur source n’est pas assez lointaine pour leur permettre un long voyage, un voyage même : cette fois en sont responsables les notes de Martin Springett d’après l’œuvre de Kay. Ne minimalisons pas Springett non plus, mais Kay, Kay est forcément la teneur de cet émoi.

Il faut dire que question Lewis, je suis autrement plus fan d’un Jabberwocky que d’un lion messie, et malgré toute ma bonne volonté, les constantes allusions aux lumières du haut monde dans son œuvre me font me frotter l’échine… Pourtant, je suis forcée de constater que ce poème tient sa position en clôture du Dernier rayon de soleil, après le laisser de narration intérieure d’un prêtre, Ceinion.

J’ai peur de tourner quérir le contexte d’écriture de cet extrait. Après ma lecture, j’ai peur de trop d’allusions à une unique déité. Ce qui m’a toujours séduite et faite immanquablement fondre lors des multiples relectures de cette précieuse Tapisserie [6ème post, lire Prologue], ce sont ces incursions mythiques dans un mélange d’imaginaires s’enracinant dans une réalité. J’aime à découvrir les appellations nordiques d’une chasseresse, celles innombrables des oracles et leur panoplie old-fashioned pour connaître l’avenir et revoir le passé. Kim et sa bague de brocante qui change de couleurs comme les bonbons brûlés pour les mauvaises têtes (en vente dans votre boulangerie la plus proche). Cette façon d’inclure des vers inconnus mais existant, de civilisations qui paraissent fantasmées, comme une herbe découpée pour un potage.

Mais au pays du dernier rayon, se mêle aux mystérieux esprits naturels une éminence unique, appelée Jad. L’idée d’esprits hérétiques m’avait parue à contre-courant, de prime rebord, pour s’effacer devant la kyrielle d’injonctions à la croyance infinie et ambigument hypocrite en cette lumière. Alors j’ai pris peur : était-ce une réflexion parmi d’autres qui ponctuent l’univers coutumier de ce cher Gavriel, ou était-ce une prise de parole de son for intérieur ? J’en suis encore sceptique et questionneuse.

Une pensée mille fois sue, mais énoncée si humblement, d’une simplicité qu’on manquerait d’en évaluer sa saveur : « Dure vérité : le courage peut n’avoir aucun sens, aucune suite, n’être ni récompensé ni même reconnu. Ce n’est pas ainsi que va le monde. »

Et parce qu’il a trait à ce poème et cet ultime rayon juste assez sonnant, voici de quoi rentrer dans un cours d’eau :

Brian Eno

Here we are
Stuck by this river,
You and I
Underneath a sky that’s ever falling down, down, down
Ever falling down.

Through the day
As if on an ocean
Waiting here,
Always failing to remember why we came, came, came
I wonder why we came.

You talk to me
As if from a distance
And I reply
With impressions chosen from another time, time, time,
From another time.

Délicieuses pourritures

Le réseau arachnéen a cet inconvénient : il n’est pas inflammable. Du coup, pour régler les différents, nous sommes contraints de baisser bonnes torches et autres instruments révolutionnaires qui ont fait leur temps (je laisse dans ma besace les canons peu maniables et une plume encombrants) et de renvoyer les émissaires patibulaires armés jusqu’aux haut-parleurs.

Tous ?

Aux oubliettes ces ombres de mains de l’ère virtuelle volcanique, il reste des irréductibles sachant s’acheminer jusqu’aux affres des barricades baroques, se faisant figure pour des travailleurs potentiellement opalescents.

Les blogs (des autres), je vais m’en passer mon chemin, ça m’apprendra à me prêter au jeu du regard spéculaire.

Je ne suis pas virtuose, mais je ne suis pas virtuelle : et y a des fois où je l’ai mauvaise parce que d’autres l’ont pour les gens tout entiers. Alors mon jean, toi tu t’occupes de nous et tu flaires rien, tes allergies au pollen et ton addiction au glucose sont autrement suffisantes, pas touche, hein ? Et puis prends garde au henné, il trompe…

Mais j’y pense, ça manque d’un cristal d’acidulé : alors voilà, et voilà.

Le temps d’un été

Il y a de bons revenants, merci Calou d’être venu nous hanter : c’était le projet estival d’une bande de lycéens (collégiens ?) loufoques, foufous et qui s’en fuckaient des autres. C’était une micro-société privée faite de private jokes qui amusaient les enfants, qui clabaudait clopin-clopant, qui dépensait ses heures de journée en missives barrées : au contraire des autres, je ne crois pas pouvoir les ressortir, Raoul (feue ma machine) m’a tournoyée en bourrique à tellement d’occasions différentes (je me souviens de Wenceslas et d’Alphonse avec un soupir extatique de fanette toute retournée) que mes anciens documents n’ont marqué que ma tête…

Bref, comment décrire l’époque de la tribune sans lui asséner mon projecteur de vieille gamine délaissée par ses désordres mentaux…
On était sacrément perturbés, hein ma gazette ?

Voilà pour toi bonbon russe : parce que cent fois oui, je suis aussi pesneuse de mes naiseries que de ma combi de ski couleur violet minéral, parce que mille fois non, je ne me lasserai jamais de pouffer en retrouvant tes gazouillis d’écrivaillon du dimanche (cf. la jeune lectrice manucurement troublée).

D’ailleurs, sans toi, je crois que je l’aimerais pas le dimanche.

Concert nain-terrompu

Par notre correspondant sur place, Louka Everwood

Samedi, se déroulait le super concert de Cindy Perrault et de son groupe Chaperon Rouge au Futurodrome. Ils venaient auparavant de recevoir la Victoire de la Muse Hic du meilleur groupe de rock (la Muse Hic étant une célèbre chanteuse de la Grèce Antique qui ne s’exprimait que par réexpédition orale).

Ce sont les jeunes Cobalt Blue qui passaient en première partie et qui ont commencé à mettre le feu. L’ambiance était super ! Quand le tour fut venu pour Cindy Perrault de monter sur scène, le public admiratif lui fit un standing ovation (nouvelle mode, ça se fait au début maintenant !). A peine entamait-elle sa cinquième chanson que huit nains de jardins descendirent du ciel (les lutins du Père Noël ????). Ils arrivèrent à peu près tous sur la scène à part un qui eût la malchance de tomber dans le public, de se faire piétiner et de trépasser (Paix à son âme !).

Enfin bon, les sept petits bonhommes restants commencèrent à s’attaquer à Cindy pour pouvoir prendre le micro. Beaucoup de personnes essayèrent d’arracher les nains du corps de la chanteuse mais une barrière invisible les empêchait de s’approcher. Cindy lâcha donc le micro qui fut ramassé par l’un des sept nains. Il prit la parole :

« Mesdames, Messieurs, nous venons de rentrer du boulot et nous sommes à la recherche d’une personne qui nous est chère. Nous, Gras-Double le Charcutier, Longue-Barbe le Coiffeur, Gratte-Nez l’Agriculteur Nasal, Riche-Flatulence le Libérateur de Gaz, Bonnet-Dâne l’Éleveur de Mule, Jo-Zefine l’Ange Garde-Pain, Mâ-ra le Vendeur de Baignoires, recherchons la dénommée Blanc-en-Neige, jeune femme d’une beauté remarquable, au sourire délicat (la troisième dent de devant étant une dent noire) mais qui a la fâcheuse tendance de tomber dans les pommes. Voilà deux jours qu’elle n’a pas donnés signes de vie et nous nous inquiétons. Si vous la connaissez dîtes-lui de notre part que nous l’attendons ! »

 ces mots, ils disparurent, laissant Cindy, les musiciens, la surveillance et le public abasourdis. Dix minutes après, le spectacle reprit et, au moment de saluer à la fin du concert, Cindy Perrault déclara qu’elle écrirait une chanson sur les nains désespérés et abandonnés (ça va promettre !).

Pourquoi y a-t-il eu une barrière magique invisible ? Les sages et l’Oracle de Kandrakar se le demandent. Dès que nous aurons plus d’informations, nous vous préviendrons et surtout, ne pensez pas que toute cette histoire est du domaine du Nain-porte quoi ! »

Vendredi dreize

Ce soir je me tourne la cervelle comme une crêpe inlassablement terne sur le parquet d’une poêle : mais d’où nous arrivent les fantômes ?

Il fut un temps littéraire où les spectres apparaissaient de cadres aux frontières intemporelles, de macchabées fraîchement fanés, de bruine écossaise, de donjons invocateurs et autres lieux légendaires, puits à résurgence.
Revenants à complaindre surgissant de l’opacité des temps mêlés, c’était dans un but, parfois inconnu d’eux-mêmes, qu’ils honoraient leurs descendants de leur essence vaporeuse. Quelques fois protecteurs, ces gardiens des vivants mettaient un point d’honneur ancestral à suggérer à leur prévenu la tenue adéquate, éviter à la carriole vitale toute embardée fatale par-dessus le fossé.

Mais le fantôme dépasse l’entendement et la définition commune devenue obsolète avec l’avènement de l’ère électronique, informatique, portique, pratique. Aujourd’hui, les ondes produisent des ombres. Par l’entremise des champs techniques, les fantômes font peau neuve et réapparaissent sur le devant de la scène : c’est ainsi qu’un téléphone portable peut endosser l’habit de l’avocat du diable.

Mais comment être sûrs que ces souffles soudains d’anciens ne sont pas à l’image des mirages de celui qui éprouve la soif ?

Intrusion bruyante : squatter le portail d’APC

Encore un jour se lève sur la blogosphère, et voilà votre Portail toujours cadenassé. Mais diantre, quand pourrez-vous enfin satisfaire votre curiosité morbide et vous introduire furtivement à nouveau dans le sein de la vie de Anne-Perrine via cette brèche virtuelle ? C’est parce que cette question me turlupinait ce matin en prenant ma douche (ça doit être parce que c’est la première depuis plusieurs jours, mon corps n’est plus accoutumé et par voie de conséquence, mon esprit y réagit vigoureusement…) que je décidai d’endiguer tous ces saignements, de faire un bandage candyde (cf. les études d’infirmières de mademoiselle tache de son) et de vous montrer une porte de service pour vous incruster chez elle (non, non, ne me remerciez pas, les trahisons, c’est toujours de bon cœur (surtout la famille et les meilleurs amis, c’est encore plus réjouissif)).

Bref, pour ne pas m’immortaliser ici (après tout, j’ai aussi un blog (oui, c’est vrai, il ne sert qu’à tenir ma côte au top des personnalités anonymes d’internet les plus incomprises du moment (et aussi pour faire étalage de ma pseudo-spiritualité-que-les-problèmes-existenciels-j’en-ai-même-pas))), je vais ouvrir cette séance – frottement d’un marteau en bois sur un secrétaire surélevé en bois aussi, mais pas de la même nuance parce que c’est pas le même arbre et que même si c’était le même arbre, de toute façon ils viendraient pas de la même forêt (et je vous parle même pas de leurs généalogie et génotype (car oui, les arbres, ils sont sûrement pourvus de chromosomes) et va falloir se réfréner sur les parenthèses) – pour vous converser en somme de stèle, de lécythe aryballisque et de pyxis skyphoïde, tous ces choses qui me font frire l’échine, et que vous n’aimez peut-être pas, ce qui a pour effet de me les faire adorer encore plus (attention : ceci fonctionne aussi pour tous les gens que cela rend indifférent) et de toute façon si vous les affectionniez, elles n’auraient pas la même saveur.

Mais finalement, ce qui est bon pour ces céramiques, va de paire avec le reste de nos turbulentes amours : c’est souvent ce sentier-ci que finissent par emprunter nos saintes ivresses qui échouent perpétuellement en gueules de bois (notez le rapport avec le précédent paragraphe). Vous vous immoleriez par le feu, l’eau, le vent (mais moins la terre, habitat naturel de notre Ver qu’on lui réserve sans trop de discutaille) pour vendre auprès de vos amis votre last scoperta, votre dernière acquisition spirituelle qui vous bouffe tout entier.
Depuis que votre nez a reniflé l’empreinte olfactive de tel groupe auditif, votre cœur ne s’y sent plus, votre tête connaît des jours nouveaux. Vous vous en imprégnez tout le jour et la moindre parcelle de votre corps expire la couleur de leurs mélodies inimitables (du moins, pas encore, mais ça viendra). Alors quoi de plus naturel que de vouloir convertir vos proches, ces impies qui vous côtoient et que vous tentez d’amadouer de dix et une façons, afin de pouvoir enfin vous dérouler la langue sur le sujet sans plus jamais ouïr les soupirs peu contenus de votre auditoire ennuyé ?

S’ensuivent alors les conséquences que tout un chacun a probablement déjà eu les menus plaisirs de ressentir : dont, of course, le transfert de passion technologique. Eh oui, vous avez si bien prêché que votre piété a quelque chose de puéril face à celle des récemment convertis, mais dont la foi n’est que plus absolue. Ainsi vont les vies : votre culte perd de son éclat, en entendre déblatérer à longueur de demi-journées vous réduit l’encéphale à l’état de cancrelat, vous perdez toute innocence et vous devenez… moqueur (voire cynique, pour ceux qui ont du potentiel). Ce culte est cul-cul, vous lui tendez votre bouche en cul-de-poule et vous lui botteriez bien le… Enfin, on a saisi le principe.

Je poursuivrai avec bonheur cette tirade (que dis-je, une diatribe ! une attaque ! un raz-de-marée ! une révélation (pour rester dans le thème) !), car ce matin j’ai de l’appétit (encore un effet secondaire de cette douche…) à redistribuer, mais voilà, j’ai rendez-vous.

Comment ? Que ? Quoiak ? Les nouvelles d’APC ?

… Laissez tomber, même sous la torture de la goutte ou des scones dégoulinant de sirop d’érable juste devant ma truffe mais les mains agrafées à un pilier (une colonne grecque, si disponible en stock), mes lèvres demeureraient scellées (t’as vu SuperNaïve, à la vie, à… la… vie aussi !)

Donne-moi un la

J’ai eu l’envie d’écrire que mes oreilles ont dépensé une excellente introduction pour cette nuit : l’émission a eu beau se conclure aux alentours des 2h, je ne regrette pas d’avoir creusé mes yeux. Oui parce que j’ai passé mon baptême de Taratata, avec succès, à l’instant : jusqu’ici, j’avais de lourdes réticences en parties originaires des antécédents de Nagui, ou tous les primes où j’ai eu l’étrange désir tailladant mes tripes de l’expulser de mon poste à coups de machette.

J’ai apprécié la simplicité du produit : lieu simplet, flash-en-arrière un fil de pelote intimiste, un montage cherchant à filmer les joueurs et les chansonniers, le parler plutôt soyeux dans sa franchise du présentateur précédemment tant honni par moi-même, et puis une scène en bois, rien que du parquet en cercle et pas de foutu escalier avec portes coulissantes et des spots en strass, mais juste des enceintes et des micros disposés en sitting made in mai eighty-aight.

Donc Taratata, on se sent à l’aise sur son sofa et on rencontre comme ça des gens sympas qui font des trucs, des trucs parfois moins sympas qu’eux : mais j’ai apprécié regarder des titres de tunes qui ne me plaisent pas, c’est donc, il me modestement semblassusse, un signe de qualité d’orchestration.

Intrigant : j’avais en songes penser à poster dans un autre esprit, mais…

Today has been okay

Ça se dit communément, « il y a des jours comme ça, où tout est suffisant ».

Voilà, je viens de survivre à un instant merveilleux : mais pourquoi dire adieu à un régal aussi délicieux ?
J’avais envie de frapper des lignes pour la seule personne capable de me gâter mes malheurs : cette nuit, une boîte à chaussures a aspiré mon souffle. Mon souffle, souffle-souffle, j’en ai abîmé ma voix, j’en ai égaré ce que je souhaitais te raconter. Tout ce que tu m’as envoyée a pointé du doigt mes péchés mignons, mes coquetteries, mes tares, mes envies que je ne t’ai jamais formulées car elles n’avaient pas même de réalité pour moi. Et toi, dans ta boîte à chaussures, tu leur as donné une forme : qui t’es toi ?

Une forme que je peux enfiler, une forme dans laquelle je glisse et j’échappe aux échardes. J’évite toutes les Dorn du monde et je sais qu’il ne me suffirait que d’un cintre pour imiter Led Zeppelin, de deux pinces à linge ballotant à mes lobes, et d’un haut-parleur derrière moi pour chanter et rire en yaourt, tout cet attirail pour parachever ces chochos.

J’avais faim, tu m’as nourrie.
J’avais froid, tu m’as donnée de quoi me réchauffer les plantes.
J’avais soif, tu m’as compilée des sons qui m’ont désaltérée.
Je l’avais égaré, tu m’as retrouvé ce livre.
J’avais hâte, tu as anticipé. Mais surtout, j’étais sèche.

J’ai souvent le sentiment qui s’accomplit d’être aride, un bac à sable où s’amuse à remplir ses seaux une cohue. Et je les aide, je suis là quelques fois à creuser et fouiller la dune pour alourdir leurs seaux, toi aussi, j’ai souvent envie de le faire déborder. Et je toise à travers mes yeux, et je pense que mon seau est à l’intérieur. Mais je me borne à ce qu’abritent mes paupières, sans pouvoir les retourner pour scruter à l’envers, pour dévisager l’intérieur, pour tirer mon seau et l’enfoncer sur la plage et le remplir avec le monde qui joue. Même les prudents s’écorchent sur cette parcelle de grève, et je me demande quand je pourrai remplir mon seau, quand j’aurai un seau. C’est pas que ça m’embête.
Plus les temps me passent dessus, moins mon moral souffre de failles, moins le quotidien me contrarie, plus j’explose curieusement dans les salles brunes.

Ce soir, j’étais tarie et tu m’as épongée.
Linoleum Roses a été mon battement de cœur, c’est un arc-en-ciel si pur qu’il se mouille dans le limon sans perdre de son éclat. Il est trop court, trop interminable, il m’a assaillie de dépourvu et enfin, il m’a entamée.

Quand tout ça me gagne, quand je reçois ma chance, j’ai l’envie de me trancher un peu plus du reste terrestre parce que je n’ai besoin de rien ; et que cette boîte à chaussures, c’est juste mon seau et tu es du sable qui ne doit pas se désagréger mais demeurer bien soudé.
Parce qu’il faudrait que tu deviennes un grand château,
comme sur les cartes postales.