Il y a comme une habitude bien installée chez moi de dévorer des volumes ayant pris la poussière durant des mois avant que ne sonne le carillon du réveillon.
On ne va pas se cacher que cette année ne fut pas faste pour les cercles de lecture. La reprise laborieuse nous a menés si proches de la faim de notes, de l’éradication de ce projet citoyen, de la terminaison d’un cercle de lecture à l’énergie quasi ancestrale…
Bref, je ne fais pas la maline, car je n’ai pas (encore) de quoi révolutionner cette année un peu anémique, mais j’ai songé à des images qui me faisaient de l’œil et au fait que le Festival d’Angoulême était (de nouveau) reporté au vu de la situation pandécomique, et me voici fin prête à causer de bandes dessinées passées entre mes pattes. Ainsi quelques rapides avis (eh oui, une note pour plusieurs opus, voyez comme je laboure cette friche virtuelle, à mon habitude).
J’ai lu ce livre à sa sortie, en février, et j’ai donc peu de souvenir du contenu (ça commence bien). MAIS : je l’ai trouvé superbe graphiquement, j’ai eu un réel coup de cœur ! C’est la première bande dessinée de cette jeune autrice, une suite de nouvelles courtes au ton punk, décalé, un poil absurde. Toute la bd est réalisée à la peinture, dans une ambiance de tableau expressionniste.
Extraits ici et là, pour vous rendre compte de l’originalité de son dessin.
Une bd que l’on m’a prêtée à l’automne et que j’ai beaucoup appréciée, mais je n’en garde pourtant aucun souvenir précis (décidément). Avec un trait un peu naïf, des couleurs douces tendant soudainement vers le sombre, l’autrice nous raconte des bribes d’histoire (problématique) de famille, mêlées à des réflexions sur l’histoire globale et sur l’existence.
(Long) descriptif et extraits sur le site de l’éditeur.
Lu il y a quelques jours à peine (merci Mère Noël), je ne présente plus Catherine Meurisse dont j’ai parlé quasiment tous les ans depuis 6 ans. Son tout dernier opus continue sur sa lancée depuis La Légèreté : partie à la découverte et la redécouverte de paysages du monde, Meurisse est cette fois à Kyôto, accueillie dans la fameuse résidence d’artistes, la villa Kujoyama. C’est l’occasion pour elle d’imaginer un dialogue avec un peintre japonais, à la recherche d’inspiration, un tanuki à grosses roubignoles et une jeune femme libre, liée à la mer et déliée des hommes. C’est léger, drôle et cela donne très envie d’aller au Japon.
Il y a une édition deluxe cheros également disponible de ce titre, avec les planches originellement dessinées en noir et blanc par l’autrice : une fois n’est pas coutume, je trouve que la couleur ajoute cependant beaucoup de sérénité au récit.
Un extrait ici.
Second présent de la Mère Noël et dévoré dans la foulée (faut dire que la campagne lotoise en plein hiver, pleine drache et plein chantier, ça limite).
À Paris, au cœur du musée de l’Homme, quelques ethnologues se réunissent, bientôt rejoints par des gens de tous horizons – avocats, religieuses ou garagistes. Autour de Boris Vildé, d’Anatole Lewitsky, d’Yvonne Oddon, ces visionnaires posent les bases de la lutte qui mènera à la Libération : évasions de prisonniers, passages vers l’Angleterre ou la zone libre, et publication d’un journal clandestin, Résistance.
Simon Roussin met en images un scénario de Raphaël Moetz et Louise Moaty, mais dont aucun dialogue n’est inventé, puisque chaque parole prononcée est tirée d’archives (lettres, interviews, autobiographies, témoignages…).
Le choix est tout à fait compréhensible (rester au plus près de la pensée des femmes et des hommes de ce réseau), mais le résultat est quelque peu décalé : il y a comme un ton guindé, théâtral, emphatique dans les dialogues, puisque sans surprise, ce que ces intellectuels ont écrit dans leurs mémoires a des tendances (des velléités ?) poétiques.
C’est une démarche à la fois très intéressante, troublante et frustrante. Autre originalité : le trait de Simon Roussin, qui fait un pas de côté par rapport aux bd typiquement « historiques ». En choisissant une palette de teintes limitées, en dessinant plutôt l’ambiance, le climat, que les événements et les décors, en suggérant beaucoup, on se retrouve paradoxalement dans une bande dessinée très facile d’accès (là où les bd d’histoire peuvent vous laisser à la marge).
Extraits sur le site de l’éditeur.