Month: mars, 2021

Fraîcheur de rose

Si Anne Eliot de Persuasion a été décrite par Jane Austen comme une vieille fille sur le devenir qui ne manque pourtant pas d’attraits, on sait dès l’entrée que la vieille fille de Balzac n’aura pas autant de chance. Rose-Marie-Victoire Cormon a 42 ans, un physique imposant et un tour d’esprit de plus naïfs, pour ne pas dire bêtoune. Reste qu’elle est l’une des plus riches du comté d’Alençon, que sa maison est entretenue avec soin et qu’elle y reçoit la bonne société, entre la haute bourgeoisie et un peu d’aristocratie. Aussi est-elle l’objet de tous les désirs de deux vieux garçons (et d’un plus jeune), le vieil aristocrate Chevalier de Valois sans le sou et le fat bourgeois Du Bousquier. Il se trouve que Rose Cormon est obsédée par l’idée de se marier, mais les années passant, s’est découvert de hautes attentes en la matière : la demoiselle est romantique, mais tient aussi des opinions bien tranchées. La voilà donc au supplice et, bien que sympathique, fait les frais des cancans de la ville.

C’est un roman assez court (moins de 200 pages), avec un mélange de descriptions et d’actions plutôt équilibré. Balzac décide d’introduire longuement chacun des deux prétendants par leur tenue, leur train de vie, avant de nous faire pénétrer l’existence de la fameuse vieille fille. Il y a de bien beaux passages et le vieux Chevalier de Valois a toujours des petites formules inimitables, en particulier quand il appelle ses « grisettes », les jeunes lavandières qui entendent tout et lui soufflent toutes les nouvelles aux oreilles : « petit bijou d’espièglerie », « petit masque », « cher petit mouton du diable ».