Amer hic

I saw the best minds of my generation destroyed by madness, starving hysterical naked

Rien de plus criant ne saurait exprimer l’aliénation des classes du fait d’une poignée d’esprits déshumanisés dont l’appétit féroce n’a d’égal que la folie individualiste. Curieuse chose d’une citation individuelle ? Non pas, quand cet individuel se fait l’écho d’une universalité intemporelle lorsqu’on constate la situation actuelle. Les guerres n’ont jamais cessé le feu, les âmes de s’élever et de s’ensevelir sous le poids d’aspirations à couper le souffle d’une montgolfière. Les hommes sont tous asthmatiques ; mais certains ne le pénètrent qu’à l’heure du funeste retrait ; ils s’obstineraient toujours si la vie ne leur était ôtée de la bouche…

On happe comme on peut. Où sont nos prophètes, nos poètes, où sont ces badauds dont les odes devraient se doter d’une place commode en Nous-mêmes ? Quel oxygène pour quel peuple ? Et si source d’inspiration il y a, si buée il existe, pourquoi je ne sens rien, pas de courant, pas d’odeur, qu’est-ce qui suivrait Méduse-Echo-Pandore ? La masse est-elle en voie d’extinction ? L’environnement, la pauvreté, les injustices, sont-elles des causes artistiques ? L’art tourne-t-il a-politique ?

Je pense bien que non, plus une sensation qu’une pensée connaissant ma vacuité d’actualités, mais où faut-il fouiner cette fois pour perforer cet instant présent mural ?

An Asphodel

O dear sweet rosy
unattainable desire
…how sad, no way
to change the mad
cultivated asphodel, the
visible reality…

and skin’s appalling
petals–how inspired
to be so Iying in the living
room drunk naked
and dreaming, in the absence
of electricity…
over and over eating the low root
of the asphodel,
gray fate…

rolling in generation
on the flowery couch
as on a bank in Arden–
my only rose tonite’s the treat
of my own nudity.

Je change mon fusil d’épaule et j’en retire la poudre, fatiguée de remuer ce piètre exercice d’illusionniste : je ne suis qu’une ramoneuse. Mes chiffons se flétrissent dans la poussière, même l’antique n’est d’actualité qu’un temps. Certes, le cycle d’influence l’aspire et le rejette en continu, mais il se mêle aux maints mouvements des lettres, car les découvertes sont sans arrêt renouvelées.

Fin de la parenthèse et parlons d’appétit mystique ; d’ailleurs le travail de Allen Ginsberg serait un parfait drugstore pour cowboys désoeuvrés.
Et comme un prophète, il vient me proposer une issue à cette observatrice qui martelait ma cellule, cette kyrielle de courbes en suspension sur des points, en forme d’oreille comme si à peine posée, elle demandait déjà à être rassasiée. Voilà l’issue :
It’s a vast Trap. And god save the poor young students who know nothing but that mad incestuous atmosphere.
god, une issue ? C’est rhétorique bien sûr (non, rien n’est moins sûr…), la solution est dans l’inceste qu’il faut cesser. Il faudrait empêcher les lions de pénétrer l’arène et les relâcher dans la nature afin qu’ils se nourrissent de la diversité, la vraie, celle qu’ils révèlent au reste, celle qu’ils exhument de leurs repas.

Etrange répercussion à rebours entre les Beats et les Lost :

‘America I’ve given you all and now I’m nothing’

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