Category: Billets autonomistiques

Comme un goût d’adolescence dans les mains

Nous sommes le 29 décembre, une partie des Bingo-membres semble avoir déposé les armes, une autre persiste avec ce qui lui reste de force et de courage, à deux jours du gong final et des préparatifs de réveillon (j’ai un costume à préparer cette année encore, peut-être m’y prendrai-je de nouveau trois heures avant, donnant au Bingo jusqu’à mes derniers soubresauts ?). Suivant ce mouvement d’urgence et cet esprit de bâclage annuel, mon billet du jour rentre dans la catégorie « livre sans ambition acheté et lu il y a deux jours ». J’ai donc lu Riquet à la houppe d’Amélie Nothomb.

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Amélie Nothomb, c’est une courte histoire longue. Découverte avec Péplum et Hygiène de l’assassin, son tout premier livre, j’ai été immédiatement conquise par cet art du dialogue et de la répartie, ce ton caustique, ces êtres difformes, ces anti-héros mal-aimés, ces marottes étranges. Ces deux-là restent mes préférés, mais j’ai lu les douze premiers avec plus ou moins de ferveur, avant de me lasser de la répétition. J’ai lâché pour les onze suivants, et par une drôle de coïncidence, me voici de retour pour son vingt-quatrième roman. Choisi en pensant, à tort, qu’il y aurait peut-être des mauvaises mères de cachées sous cette histoire parallèle de deux destins atypiques, celui du garçon le plus laid et le plus intelligent et celui de la fille la plus belle et la plus idiote qui soient, je réussis tout de même à le caser dans la thématique des étrangetés anthropomorphes.

Pour ceux familiers de l’univers de Nothomb, l’homme incarnant une laideur insoutenable mais heureusement doté d’un QI extraordinaire (souvent doublé d’un esprit calculateur) est un poncif (coucou Attentat) ; de même que la belle ingénue, effacée, ne trouvant pas sa place dans le monde, n’est pas une inconnue de son répertoire non plus. J’ai donc entamé les vingt premières pages en songeant que je n’avais pas perdu mes dix dernières années puisque rien ne semblait vraiment avoir bougé d’un iota du côté de la Belge amourachée du Japon. Eh bien, mal m’en a pris ! Ces deux êtres difformes, en marge, développant un goût pour la contemplation, ces deux histoires en miroir, simples, au goût de conte mais s’en émancipant, ces commentaires sur l’ornithologie et sur la valeur des fins heureuses ou malheureuses (comme une aparté finale de l’auteure, inattendue mais bienvenue) m’ont fait refermer l’ouvrage plus conquise que prévu. Et j’ai même songé à aller voir du côté de ses dernières sorties ayant récolté bonne presse. En info-bonus, notons que Nothomb rapporte une expérience édifiante : en 2015, elle a lu l’ensemble des ouvrages constituant La Comédie humaine, de Balzac, soit 147 tomes. Je ne saisis pas exactement si l’année 2015 a suffi pour engloutir cette somme phénoménale, mais il est certain que l’influence de tant de lecture s’en ressent pour le meilleur.

En vaisseau, Simone !

La catégorie SF, pour laquelle je ne donnais pas cher de ma peau l’année dernière, s’était finalement soldée par une excellente surprise, avec la lecture du tome 1 de Fondation. J’étais donc bien mieux disposée cette année envers la catégorie de space opéra, pour laquelle je pensais me rabattre sur le tome 2 de Fondation ou bien la bande dessinée de Graig Thomson, Space Boulettes (finalement un peu trop jeunesse à mon goût). Mais ces conciliabules en interne étaient sans compter le conseil enthousiaste d’une collègue sur Le Guide du voyageur galactique (ou la saga H2G2, abréviation de son nom original, The Hitchhiker’s Guide to the Galaxy), qui en 8 mots, a suffi à motiver son achat le jour-même (la puissance de la concision).

Alors que la Terre est sur le point d’être détruite pour faire place à une voie express hyperspatiale, Arthur Dent, un humain vivant tranquillement dans son petit coin de terre, est sauvé in extremis par son meilleur ami, Ford Prefect. Ce dernier s’avère être un extraterrestre arrivé 15 ans plus tôt sur la Terre, initialement pour faire un simple repérage d’extra-badaud, et resté bloqué par inadvertance (de badaud à ballot, il n’y a qu’un pas). Mais avec la démolition de la Terre, une échappatoire lui est offerte et il entraîne Arthur dans son sillage : c’est reparti pour faire un tour dans la galaxie, afin de compléter ses notes pour la nouvelle édition du Guide du voyageur galactique, le guide du routard indispensable à tout voyageur désirant survivre en milieu galactique (plus ou moins) hostile.

M. L. Prosser n’était, comme on dit, qu’un homme. En d’autres termes, c’était une forme de vie bipède, fondée sur le cycle du carbone, et descendant du singe.

Coup de cœur, pour ce livre d’une légèreté qui défie les lois de Toto. Douglas Adams manie avec succès l’ironie, le ton sardonique et le loufoque, de son savoureux humour anglais, faisant effectivement penser aux Monty Pythons : c’est débile, comme pas permis. Le genre de débile qui nous fait regarder la page pendant cinq secondes, avant de murmurer, incrédule : « il a pas osé… » Du Tristram Shandy version SF (hey, ils font tous deux partie des listes de livres qu’il-parait-qu’on-rit-vraiment-beaucoup-puhu).

- Vous savez, remarqua Arthur, songeur, tout cela explique un tas de choses : toute ma vie durant, j’ai eu cette étrange et vague sensation que quelque chose dans le monde était à l’oeuvre, quelque chose d’énorme, voire de sinistre, et que personne ne voulait me dire quoi.
- Non, dit le vieil homme, ça, ce n’est que de la paranoïa parfaitement normale. Tout le monde ressent ça, dans l’univers.

Le livre regorge de répliques hilarantes, de petites piques et de concepts tournés en dérision. Douglas Adams interrompt souvent l’action d’une scène – qui de toute façon, n’a jamais grande importance – pour faire soudainement échanger deux personnages, au summum de leur absurdité, sur des questions très absconses. Il marie les contraires et manie la rupture de tons : du gros délire, qui rentre immédiatement dans les annales !

Comment te sens-tu ?
- Comme l’Université après réduction des crédits, répondit Arthur : j’ai perdu une partie de mes facultés.

Un nouvel univers s’est ouvert à moi, où les serviettes revêtent une importance capitale, où les dauphins ne sont pas là juste pour déconner, où on prend un max de temps pour essayer de répondre à LA question existentiellement métaphysique, avant de déclarer mystérieusement que… « C’est coton. »

J’ai dévoré ce premier tome, qui est passé à une vitesse folle et ne dérobe jamais aux joies du rire: on piaffe et on s’esclaffe, littéralement jusqu’à la dernière page, qui introduit sa suite. D’ailleurs, les titres des volumes constituant cette « trilogie en cinq tomes » sont alléchants – et mentionnés via l’intrigue de ce premier livre : Le Dernier Restaurant avant la fin du monde, La Vie, l’Univers et le Reste , Salut, et encore merci pour le poisson, Globalement inoffensive.

Vatecoucher petitcerveau, petitbrûlot

Le texte, c’est le champ de l’aruspice, c’est une banquette, un cube à facettes, un excipient, un ragoût japonais, un charivari de décors, une tresse, une dentelle de Valenciennes, un oued marocain, un écran télévisuel en panne, une pâte feuilletée, un oignon, etc.

Muh.

À quoi penser quand on ne pense pas

En cet agréable cours de déclin solaire de cette fin de semaine, qui n’est rien d’autre qu’un jour défini comme le dernier d’une liste, mais qui n’avait rien demandé à personne et aurait peut-être aimé se trouver être le cinquième ou le second, et ainsi disposer d’une certaine banalité dont les autres jours jouissent plus ordinairement, en ce simple dimanche donc, je décide de m’héler moi-même : « Est-ce qu’il ne serait pas temps de se baffer deux coups (la première pour réveiller, indispensable. La seconde qu’une baffe n’empêche pas le piège du siècle communément connu sous l’intitulé « snooze » (voilà la modernité, plus personne ne se lève le matin, l’urgence de la responsabilité est délayée)) et de pondre les trois-cinq croûtes qui me trottaient dans la turbine depuis une plomb ? » Réponse : oui.

M’enfin, pour paraphraser le film, c’est toute la question de la bravitude des choses, et je suis au regret de m’avouer intermittente de la pensée. On ne peut pas toujours penser, et d’ailleurs, on ne pense pas toujours. Il y a même des jours où l’on ne pense toujours pas. On me dira bien que je confonds réfléchir et penser, et on pense bien que c’est une question à laquelle j’ai déjà réfléchi. Je ne fais donc aucun commentaire à voix hautement écrite là-dessus, merci et à bientôt. D’où vient le mal donc ? Lénifience des sens ? Synapses mal configurées ? Distraction obstructive ? Ou faudrait-il fouiller du côté des possibles raisons pour lesquelles l’esprit ne s’étire pas ?

Oui, voilà que se profile la question du jour : sur quoi pense-t-on ? Et dans mon impropre cas, à quoi réagit-on ? Car lorsqu’on ne pense plus, cela va souvent de pair avec un défaut de réaction. La tête ne se trémousse plus, et le corps est désélectrifié. On baille intérieurement en regardant lascivement passer dans l’air les opinions et commentaires d’autrui sur les sentiers de sujets battus (et à rebattre), on tombe la tête lorsque les passions se déchaînent et on rentre tôt quand les pavés s’allument. Désintérêt de l’autre et repli sur soi ? Glaçage de l’appareil à penser ? Ou bien les encres s’estompent-elles sans jamais s’imprimer sur l’écran mémoriel ?

Tout ça pour lire, j’ai soufflé trois lignes (des livres qui m’ont éraflée en les lisant, mais dont les traces ont séché depuis, miettes d’une lointaine ingestion) sur quelques uns des romans engouffrés ces derniers mois. Le billet s’est programmé de lui-même dans le passé, alors que je poussais avec beaucoup de pression poucière la touche « publier maintenant ».

Notons que ce cafouillage en dit long sur la technotention qui ferait main de se mieux manoeuvrer.

Amen

J’en furibondais il y a quelques temps, et je trébuche à présent sur un texte qui s’est occupé le l’inoculer avec fluidité. Ambiance partage. Nous parlons bien ici de « logique de la réception ». Précisons.

La valeur d’échange domine. L’institution scolaire le montre assez crûment : lire les classiques à l’Ecole, c’est se constituer un répertoire qui, quand on en exhibera la connaissance, vaudra obtention de diplômes : on est dans le marché des biens symboliques. Mais encore faut-il les lire de certaines façons, et tenir sur eux un certain type de propos : si un jour d’examen on exhibe son ennui, son rejet, son mépris pour les classiques, on sera pénalisé. L’échange emporte avec lui l’obligation de certains usages. C’est ainsi que se construisent les habitus… C’est alors que la valeur d’échange supplante celle d’usage, que le plaisir (l’usage) se fond dans le fait même d’échanger (de partager même culture et mêmes modèles), qu’il y a d’une valeur à l’autre conversion. La valeur d’échange – la socialisation -prend le pas sur la valeur d’usage – l’émotion esthétique : c’est la logique même de l’habitus, qui fait passer dans les goûts, les manières de penser et de ressentir – donc ce qui détermine l’usage que l’individu peut avoir d’une œuvre d’art – des modèles, des schèmes qui relèvent de la valeur d’échange.
Cela serait-il le seul fait de l’institution scolaire ? L’Ecole serait-elle à rebrousse-poil de la valeur littéraire ? C’est une thèse qu’on entend souvent. Et les écrivains et les œuvres traités en classiques n’avaient pas forcément pour but principal explicite de contribuer à la socialisation de leurs lecteurs : le travail de modélisation est là pour apporter les corrections, amputations, déformations qu’il faut pour les faire tenir dans ce cadre. Mais une hypothèse que cette recherche a amenée est que ces écrivains et leurs œuvres présentaient des propriétés telles qu’ils se prêtaient plus ou moins bien à cette opération : l’analyse de leurs stratégies suggère que sont essentiellement concernés les auteurs dont l’œuvre, dans son principe de création même, devait prendre en charge plusieurs ordres de destinataires à la fois.

Merci pour rien, Alain.

Constellation de rifs

Écoutons à son sujet, de clair (encore, encore). L’Amérique, écrivit-il, ce pays où l’idée d’utilité, la plus hostile au monde à l’idée de beauté, primait et dominait toutes choses. l’Amérique ne fut pour Poe rien d’autre qu’une cage. Car dans cette société goulue, brutale et affamée de matérialité (ce furent les mots de Baudelaire) il y avait quelque chose de pourri : il y avait cette sacro-sainte et despotique opinion publique, c’est-à-dire l’opinion de l’Homme Moyen, c’est-à-dire l’opinion de la majorité morale, c’est-à-dire l’opinion du public moutonnier, laquelle (opinion) favorisait un extraordinaire bouillonnement de médiocrités, ne laissant nulle place à la singularité du génie.

Lydie Salvayre, Hymne


Les métamorphoses des bases

Car en imagination j’avais pénétré dans une boutique au sol carrelé de noir et blanc, où pendaient des rubans colorés étonnamment beaux. Mary Carmichael ferait bien d’y jeter un oeil en passant, me dis-je, car cette scène se prêterait tout autant à la description qu’un pic enneigé ou une falaise rocheuse des Andes.

Il y a également la fillette derrière le comptoir – je serais aussi curieuse de connaître sa vraie histoire que de lire la cent-cinquantième biographie de Napoléon ou la soixante-dixième étude de l’utilisation faite par Keats de l’inversion miltonienne rédigée en ce moment par le vieux professeur Z et ses semblables.

Ainsi Virginia Woolf nous invite-t-elle dans A Room of One’s Own à dépasser ce que le bon goût littéraire commun considère comme des sujets et des oeuvres dignes d’êtres écrits, et lus. La critique continue de Woolf se concentre sur l’écartement historique des femmes des activités littéraires et artistiques, et le syllabus tout à fait genré qui en a résulté durant des siècles.

Je n’ai jamais lu Mauriac. Je n’ai aucun souvenir d’avoir parcouru Giono ou Ionesco, mes lectures de W ou des Mains sales n’ont pas laissé de traces indélébiles et je n’ai traversé Radiguet qu’à travers la biographie de Cocteau ; ma connaissance de Balzac est limitée, j’ai longtemps cru que Barthes aurait raison de mes neurones (avant même de comprendre avec l’arrivée dans ma vie de Derrida que l’univers du pire ne connaît nulle limite) et Céline n’a même jamais accaparé un tant soit peu mes pensées. Je n’ai jamais vu Fight Club non plus, Psychose m’a si peu marquée que je n’arrive jamais à jurer l’avoir bel et bien regardé, et je peux difficilement identifier l’auteur d’une composition classique.

Comprenons-nous bien : je ne fais pas l’éloge des chemins de traverse qui ont pour unique but de proposer des voies d’évitement. Je ne brandis pas non plus l’ignorance de certains travaux majeurs comme d’une marginalité entreprenante et légitimante. Je ne vais pas non plus, par le biais d’une rhétorique bancale, tirer fierté de ma perplexité face à certains textes qui me résistent. Tout comme je ne nierai pas la qualité d’oeuvres auxquelles j’ai résisté ou que ma mémoire a oblitérées, sans y réfléchir plus avant et sans nullement juger. Je considère que l’oubli peut être parfaitement indépendant de l’oeuvre, et ne pas se souvenir du prénom de son enfant ne signifie pas pour autant qu’on ne le porte pas dans son coeur (excusez du peu de guimauve, il faut ce qu’il faut).

Mais j’ai tendance à trouver certaines listes consensuelles. Tiens, en digressant de listes, en voici une que j’applaudis à moites paumes. Elle est rigolote et réflective. Les listes donc. Parlons de celles que l’on trouve communément dans les syllabus, les auteurs qui font la crème de la culture. Ceux sur lesquels on s’accorde, dont je retrouve les noms d’un numéro à l’autre lorsque je déploie, page après page, les frappes mensuelles du Magazine Littéraire. Et j’essaye de réfléchir : qu’ai-je fait, toutes ces années, lorsque je ne lisais pas Proust ?

Je lisais Jamaica Kincaid peut-être.

Où étais-je quand Marie N’Diaye faisait la une des journaux littéraires ?

Je découvrais Shakespeare, à mon rythme.

À quoi occupais-je mon temps si je ne parcourais pas les textes de Breton ?

Je tombais par hasard sur Tournage dans un jardin anglais.

Par le simple fait de ma curiosité, sans même connaître l’oeuvre sur laquelle le scénario était basé. Je rentrais dans la salle, poussée par le pur et simple fait de ma curiosité pour un sujet inconnu mais aux abords absurdes, et j’en ressortais complètement émerveillée, plus que jamais ouverte à un univers de trésors littéraires.

Interlude liste :


What happens when you search out Italo Calvino’s If on a Winter’s Night a Traveler, from If on a Winter’s Night a Traveler by Italo Calvino

So, then, you noticed in a newspaper that If on a winter’s night a traveler had appeared, the new book by Italo Calvino, who hadn’t published for several years. You went to the bookshop and bought the volume. Good for you.

In the shop window you have promptly identified the cover with the title you were looking for. Following this visual trail, you have forced your way through the shop past the thick barricade of Books You Haven’t Read, which were frowning at you from the tables and shelves, trying to cow you. But you know you must never allow yourself to be awed, that among them there extend for acres and acres the Books You Needn’t Read, the Books Made For Purposes Other Than Reading, Books Read Even Before You Open Them Since They Belong To The Category Of Books Read Before Being Written. And thus you pass the outer girdle of ramparts, but then you are attacked by the infantry of the Books That If You Had More Than One Life You Would Certainly Also Read But Unfortunately Your Days Are Numbered. With a rapid maneuver you bypass them and move into the phalanxes of the Books You Mean To Read But There Are Others You Must Read First, the Books Too Expensive Now And You’ll Wait Till They’re Remaindered, the Books ditto When They Come Out In Paperback, Books You Can Borrow From Somebody, Books That Everybody’s Read So It’s As If You Had Read Them, Too. Eluding these assaults, you come up beneath the towers of the fortress, where other troops are holding out:

the Books You’ve Been Planning To Read For Ages,
the Books You’ve Been Hunting For Years Without Success,
the Books Dealing With Something You’re Working On At The Moment,
the Books You Want To Own So They’ll Be Handy Just In Case,
the Books You Could Put Aside Maybe To Read This Summer,
the Books You Need To Go With Other Books On Your Shelves,
the Books That Fill You With Sudden, Inexplicable Curiosity, Not Easily Justified.

(and so on.)

Fin de l’Interlude Liste.


J’ai pris Vian dans la ciboulot en passant les yeux par Trouble dans les andains, et je me suis contentée ainsi, ce trouble ayant trouvé confortable chaise sur laquelle me demeurer bien en tête.

Pourtant, j’aurais tort de me croire impromptue découvreuse de talents : je ne suis pas un fin nez mais bien des yeux aux aguets. Mes découvertes sont guidées, non par ma capacité à étiqueter des classiques inclassés, mais par la volonté de connaître les classiques à l’éclairage plus érudit, faussement marginalisés. Faussement, de la faute de l’Histoire (racée, genrée, classée) ; ou faussement, de leur caractère fondamentalement consensuel dans l’acceptation générale qui les attend fatalement une fois exhumés.

Je m’aperçois que mes propres lectures, mon syllabus personnel, est guidé par l’idée de classiques. Lorsque je balaye des yeux mes étagères, que je regarde au fond de mes innombrables paniers, que je parcours les étages de mes listes d’attente, je vois des noms et des titres, sans me souvenir souvent du trajet qu’ils ont emprunté pour en arriver là. Persuadée qu’il ne s’agit pas d’avis presciptifs de lecture professorale, d’où ai-je alors tiré l’envie ou la pensée qu’ils devaient être lus ?

Il y a d’évidentes réponses, tel le classique name-dropping dans des oeuvres qui font office de bâtisses sûres et solides. Mais que ferait Janet Frame entre Katherine Mansfield et Virginia Woolf ? Elle est, à coup sûr, le résultat d’une quête littéraire au pays des kiwis.

Charlotte Perkins Gilman, Mary Wollstonecraft, Maria Edgeworth, Laurence Sterne… sont rangés aux côtés des urgences, qui n’en finissent pas de s’accumuler sans jamais n’être que parcouverts : Olaudah Equiano, Aphra Behn, Frances Burney. Car les urgences ne cessent de se reproduire et de changer d’ère : Mary McCarthy, Rebecca West, Elisabeth Jolley, Elisabeth Strout, Janet Frame, Carol Shields, Louise Erdrich, Anne Tyler, Annie Proulx, Jane Smiley. Et le lendemain : Linda Lê, Steve Tesich, Emmanuelle Pireyre.

Mais s’il fallait donner une illustration bien personnelle des classiques, qu’énoncerais-je ? À qui me réfèrerais-je ? Pourrais-je nommer Jane Austen et Jean Giraudoux comme des figures constellaires ? Devrais-je avouer la place royalement trompeuse qu’occupe le rire dans mon échelle de valeur ? Que je lis Jarry en diagonale avec délice ? Que je n’ai juré que par Duras seulement pendant un temps, celui de la découverte ? Parlerais-je de mon admiration pour le caractère tamisé des oeuvres de Zweig sans savoir élaborer ?

Alors que je réfléchissais, mes yeux se sont à nouveau portés sur la liste des « Modern Classics », livres édités dans la collection limpidement dénommée par les éditions Penguin, avides d’éviter la controverse de l’amalgame avec ce fonds dépouillé de tout copyright – la marque du temps à valeur nominative contrôlée pour un classique digne de l’appellation. S’y trouvent quelques pages à l’éclairage bienvenu, un essai de la part d’Italo Calvino : Why Read the Classics?



Petit état de sa pensée à suivre.

La satisfaction du bibliovore

Lorsqu’on se promène en territoire culinaire, Internet a toujours beaucoup à offrir aux yeux gourmands et aux estomacs talonnés. Mais les dents en sucre, tout particulièrement, risquent de se briser dessus : un petit tour virtuel du côté des fournaux de Victoria apportera de la satisfaction au bibliovore qui prend acte.

Bookish Cupcakes

Et pour se régaler de la lecture d’Anne la maison aux pignons verts, du Parrain, du Hobbit, des Hauts de Hurlevent ou encore un livre non identifié d’Evelyn Waugh… C’est [clic] iciici.

An buddy âtonysante

Pour le Valentaïne tzdeï, j’avais voulu mais je n’avais pas pu, lui témoigner tout mon affect. C’est donc un mois plus tard que je rapièce les posts cassés, en inaugurant ce tribute par un rapt, mon tout premier chapardage d’image d’auteur pour être plus précise (enfin, le preums que je subtilise par une vraie méthode de golos, autre que simplement se servir dans l’assiette de Google) :

(ouais, j’ai quand même mis des crédits cachés, pour les exactes mêmes raisons que j’ai toujours un pincement à la poitrine quand je rentre dans une bibliothèque après avoir fait des razzie dans les Luxembrairies)

La douce colombe, l’alouette, la poule du Lux’ vers laquelle toutes mes pantsées vont, toi au coeur tout cru.

Happy Valentaïne de potes un mois (un moi au pluriel, comme une alliance de moit-es, toi & moi aux plurielles) plus thard !

Desperation comes from enervation

.Ah. Sassy sin, ah ! Ah. Ah…

Rencontre fortuite au gré des tapenades liquides sur le verso des parapluies, entre accolade et enchevêtrement, mais que se carapate donc là sinon les âmes courantes. Elles courent, charmantes, étranges éclats quand le jour est encore jeune. Elles trépident de céder leur sillon à d’intrépides novices, d’inaccoutumés voyageurs que j’entraîne à errer, vagabondissant de fortune, ah tiens, effet de marée sanguine, d’accouplement tertiaire, d’éclatures cristallines, d’absence d’obtus lorsque tout est étendu et s’emboîte si bien…

Ne peuvent-ils donc jamais s’éteindre ? Cela signifie-t-il que nous sommes voués à rétrospectivement soutenir tous nos souvenirs ? Faut-il alors finir par s’en accommoder, comme le préconisent de nombreuses philosophies épinglant les concepts de sagesse ? Ne peut-on simplement le refuser ? Mais qu’importe, pourquoi le refuser, par honte, par remord, par désespérance, par cruauté, par indifférence ? Sont-ils des sentiments négatifs dont il faut se purger afin d’être en accord harmonieux avec soi ? Il semble que la quête du bonheur soit inévitable, après tout pourquoi désirer entredétruire, sauter-détruire. Pourquoi pas pour les raisons mêmes qu’il sont des athées ? Tout voler de la vie, cultiver les teintes, souhaiter la délivrance d’un savoir à la source de tout et ne pas se voiler la face, vouloir de vérité, digérer nos finalités.

Rationaliser. Faire l’exercice de sa raison. Se distancer des premières impressions, de son animalité, de ses sensations et l’état de submersion dans lequel nous entraînent les émotions. Qu’en disent les faits, sinon qu’une certaine candeur est déplacée ? Statistiques, paroles, gestes. Il y a toujours une forte interprétation à portée de tout être épris d’espoir. Mais l’espoir trompe et apporte force désespérance. Une chute en est moins une si les tentatives d’élévation qui l’ont précédée ont avorté, ou bien amoindries.

Le monstre, c’est l’absence. Celui qui se pourlèche les babines, qui inhale notre arôme, s’imbibe de nos miasmes flottant après nos spasmes, se joue de notre vigilance dévissée et d’une subreptice contorsion, démasque nos longs cous et démon s’y restaure.

Le manque d’inspiration, la page blanche, l’absence : ses communes sororales avec le vampirisme. L’inspiration est sucée, aspirée, mais cela signifierait donque-t-il qu’il est un mauvais parti, celui du voleur et qu’à l’ouverture il y a une inspiration. Qu’il s’agisse de l’ancienne inspiration, de l’habitude d’être continuellement/partiellement inspiré, du souvenir d’avoir été inspiré, de cette croyance ou de cette impression. Ou bien d’une inspiration du moment qui pour diverses raisons n’est plus.

L’esprit blanc se questionne alors : qu’est-ce que cette inspiration ? S’en est-elle allée quelque part ? S’est-elle volatilisée, ou bien est-elle partie voyager telle une pensée momentanément oubliée ? De quelle substance exacte cette inspiration est-elle modelée ?

Il ne peut s’agir d’un larcin, cela serait blâmer une force invisible inexistante, une position d’auto-victimisation, un refus d’approcher ses propres faiblesses, lacunes ou déficiences concernant la concentration de pouvoirs qui nous est échue. Le problème est donc intrinsèquement intérieur, mais nécessite un apport extérieur dans son alimentation. Le nécessite-t-il également dans sa solution, son remède lorsque l’inspiration a quitté sa demeure primitive ?

Inspirer, il s’agit d’un souffle. Une force qui n’est pas dicible. On connait son lieu de passage, son itinérance ; mais on ignore sa provenance et sa destination. On ignore sa longévité ni la forme qu’elle revêtira, de même que ses conséquences concrètes, à l’exception de celui de marier à l’action. L’action de la pensée, elle engendrera forcément un mouvement, une mise en branle suivra. Elle ne produit pas mais fait possible la productivité.

Sinistre tollé qui vînt à bout de nos songes, nos apprêtements, nos défenses d’arrière en avant. Oui, la gamelle n’était point prévisible, les statistiques, les préparations, les expériences pré-passées, tout laissait sonner à nos sens que nous en serions sortis. Que survivance aurait suivie, de concert avec les sentinelles de nos émois. En vérité ce qui est traduit d’univers est le seul pathétisme de la situation, pour sûr aussi certain qu’inconsolable. Il est inscrit, de toute part. En braille, en hiéroglyphes, en fumée. Oui, en volutes qui se dispersent par deçà les sommets, les souches et les saules se lamentant sur l’aridité des racines.

Absconses recettes de satin ; tu ne connais jamais de fin…

Il est 17h dans la métropole

On a beau penser, s’élever, se tourmenter, brandir au loin toute idée de nature, certains témoignages forcent le respect dans son sens contraire. Chassez gentiment le naturel, il revient en rampant. Sournoisement ou non, il est constamment là quand on ne s’en aperçoit pas. Il est tapi. On pense avoir progressé, avoir poussé sur le côté les tares et les défauts desquels on cherche à s’émanciper, mais rien à défaire. On se trouve à commettre les mêmes impairs, toujours sans discontinuer, toujours les mêmes reproches à épousseter, toujours les mêmes discours à posteriori. Toujours les mêmes déceptions. Peut-on se protéger contre soi-même ? Il semble que même lorsqu’on y parvient, lorsqu’on effleure la possibilité de se savoir en contrôle, ce n’est pas encore assez puisque entre les mailles de la conscience, passe tout ce qu’on pensait avoir cessé. Comme si la conscience, putride, effaçait par commodité ce qui pourrait freiner de futurs écueils. Comme si la conscience était à la foi gardienne d’une joie de vivre allant de paire obligatoire avec l’oubli, comme si la conscience savait que cohabiter avec mes souvenirs serait trop lourd. Elle choisit avec précaution les bêtes noires et les blanchit. Les bêtes sont là, sauf qu’invisibles. De là survient l’impression factice de progrès ; mais les bêtes noires n’ont été teintes qu’au sein de mon propre bastion ; alors, comme de forcément, le mat brise et pulvérise les échardes aux alentours. Ne pas être soi-même, impossible de pouvoir se comporter comme on l’entend, qu’est-ce que cela signifie ? Qu’il y a une vraie part de soi agissant d’elle-même sous substance, et que si elle est inévitable, c’est qu’elle est bien elle-même ? Ou bien y a-t-il quelque chose d’autre qui n’est pas soi-même et qui prend le relai lorsque la conscience lâche ? Est-ce bien la conscience qui lâche et qui cède le terrain à quelque chose d’inconnu, ou bien est-ce moi inacceptable que la conscience éponge et dissimule après coup ?

L’oubli, la mémoire, les trous noirs. L’autre moi, l’inconnu, la ramasse. Il faut faire la paix pour quelque chose de ni vu, de ni entendu, de non ressenti et implacablement associé à soi, entièrement incarné, et comment pourrait-ce être autrement ? Il est dit qu’on est unique, même à plusieurs et qu’il faut tous se réunir sous une bannière une. Sauf que frustration et rancœur, iniquité, défiance, tout s’adjoint et se carapate sous des dehors de fuite.

Douce solitude indésirable, incomfortable amie qui ne se froisse pas de sa fonction de ricochet : tout part de toi et tout te revient. C’en est décourageant, vraiment. Vrai-ment : ah, mots qu’il faudrait s’abstenir de décomposer, leur sens finit par se gangréner et nous chuchoter des faussetés venant de nous. Fustre !

Le ravin

Ou la vallée de la mort. Ou le sourire de l’ange.  Ou même vous ne me connaissez pas (quoi que). Et toujours : le heurt.

À mécroire qu’il n’y a que ça à encaisser, le heurting. Qu’en est-il de la fondation ? C’est la mauvaise foi sélective qui dicte l’ordre des mots d’un bout à l’autre de la phrase, mais sérieusement, qu’en est-il d’un peu de constructivité ?

Tous mes sens à moi ne témoignent que de démolition constante. D’une démolition méthodique, chaque pas se voit destitué de son empreinte. Comprenons-nous bien : tabula rasa n’est pas un principe dont je réfute la raison d’être et de marcher. Oui, balayer pour mieux régner me parait justifié à de moult occasions. Nonobstant cet apparent consensus, il faut il me semble distinguer le coup de balai du coup de démolisseuse. L’un désobstrue la voie, l’autre désobstrue la vue mais ne désencombre pas la voie pour autant. C’est une option certes inscrite au menu ; mais en tant qu’option, la reconstruction ne s’effectue pas par essence.

Non, pour qu’il y ait reconstruction, il faut qu’il y ait critique déconstructive. Le négatif peut être fertile. Démolir avec logique dans l’optique de réutiliser un matériel et un espace dans une toute autre logique. On peut très bien envisager la démolition accidentelle : après tout, les humains sont tailladés de lignes de faille. Certains bien plus que d’autres, c’est leur petit côté pierre précieuse, ils éblouissent de la lumière qu’ils ont emprisonnée en eux et qu’ils ne parviennent pas à libérer. Quand d’autres leur dispensent toute la charge lumineuse dont ils disposent et bien plus : il en abonde sur eux constamment, eux ne trouvent pas la place de stocker indéfiniment une trop mince partielle de ce qu’ils paviennent à capter. Alors ils projettent, et l’on pourrait penser que leur pénombre à eux est une perpétuité.

C’est un peu comme cet homme tracteur dépeint par Steinbeck : il est là pour raser au rez-de-jardin, avec pour semonce l’ordre de ne pas penser. Il s’agit de dévaster pour permettre à nouveau la récolte. Une neuve fois, je ne suis fondamentalement pas contre cette déconstruction, mais je n’omets pas la vie tapie dessous que le tracteur ne prend pas en compte. Manque d’élasticité, manque de visibilité, manque de constructivité. Tout comme les défenseurs du nivellement par le bas, pour un ciel clôt que le commun des mortels pourra atteindre. Le seul commun est celui là-même qui ignore ou nie les possibles de l’entendement humain. Sa plus large faille est celle en travers de toutes les autres.

Travail à la traîne

Nouveaux immigrants débarqués ce soir.

Et peu après, le suivait son comparse… La centrifugeuse était déjà bien effective.

Avec surtout, ô mama del pais, surtout son compagnon de fortune, arrivés lundi, Le pacte autobiographique.


Oui, il y a des nuits telles que cette a nuit, ou ascète nuit, ou c’est à nuit, ou sept ennuis. Des nuits de contemplation, stérilisantes puisqu’il faudrait produire avant l’aube l’aspect natal d’un travail ventral. C’est une vraie réflexion sur la fin, comme s’il était impossible de dépasser un stade terminal. Voilà que je me sentirais presque pousser une volonté de transcender ces réincarnations incarcérantes. Faudra bien que je trépasse cet aspect terrestre de mes travaux à la fin Germain !

Presse le button

Il me semble qu’il va falloir que je te fichtrement snobe Gertrude puisque Peter t’a devancée… Il est arrivé après l’apéritif du midi semble-t-il, alors que je soufflais comme une asthmatique sur ma paire de gants multicolore, en scrutant le brouillard de mes fines oreilles à la recherche d’un bout de ferraille me secourant. Je l’ai découvert ce soir, tardivement : il parait propre, plaisant à la prise mais mesure un bon 400 pages en riquiquis caractères. Arghe. J’espère que nous serons bons amants : il le faut.


Wordpress, cet idiot : il semble couper les billets, les trancher dans le vif du cou. C’est un peu embuguant pour la fluidité de lecture, mais un mécanisme de sa voix d’automate me rappelle que je ne suis pas de celleux qui se redécouvrent une fois le post glissé dans la boîte. Dans la même logique, je crois comprendre que les messages surgissent aléatoirement sur la page, comme un jet de cartes magiques. Mais je me suis idiotisée en le traitant d’idiot : c’est un robot, il obéit. C’est donc forcément une faute en provenance d’un autre idiot, un idiot qui a configuré ce thème Wordpress. Mais je me fourvoie encore en faisant refléchir ma propre idiotie sur d’autres fronts : en toute objectivité, soit cet idiot ne l’a pas configuré ainsi mais bien de manière à ce qu’un ordre précis soit respecté (une priorité temporelle, thématique, alphabétique, que ne sais-je), soit il existe un paramètre laissé à son état de prime sauvagerie, et n’ayant ni investi, ni trébuché par hasard sur le dit-paramètre, j’en ai conséquemment convenu autrement.


Tout ça pour médire que, tant pis, tant mieux, qu’autant en emporte Wordpress au levant, au ponant. Qu’en fait je m’en fichtre ! de ne pas saisir le sens d’affichage des jets de buttons. Et que cette idée de chaos pourrait bien me causer cosy, si je finis par bien m’y retrouver dans ce désordre ordinaire.

Memorabilis

Je suis un oignon.

Je prends conscience de ma nature superficielle, ma condition de bulbe. Comme une plaie sur un oreiller, comme la Terre s’étourdit, comme la fuite sèchera, comme le temps s’enfuit. Tout doucement, mais bien assurément.

J’ai écrit cette préface en classe de première. J’ai poussé, mais je n’ai pas changé. Je me suis assagie. Et j’y ai repensé, à ce projet fou de tanguer de moi, ce projet enfoui dans le fond du tiroir de mes années de jeunesse, ces années de prouesse.

J’aimais, et j’aime toujours donner de mon énergie en jactances vaines et inutiles : en effet, quoi de plus inabouti que la préface d’une autobiographie qui n’existera pas ? Mais toi aussi lecteur, matelot, tu intègres l’équipage de ce voyage en moi-même et pour l’occasion tu te fais éplucheur. Car n’oublie pas : je suis un oignon.

Notre première escale sera le non-sens de ma vie. Plus je réfléchis, plus je trouve absurdes mes racines, ces filaments auxquels je suis ancrée. Je te tends une pensée salvatrice : toi qui lis, demande-toi si ces saugrenuités te sont si étrangères.

Puis couche par couche, voilà après voile, je me dévêtirai, et le corps et l’esprit.

Petite sphère d’assaisonnement naissant six pieds sous terre, un rire incrédule parvient jusqu’à mes écorces : « Pourquoi réussirais-tu, là où tu as toujours échoué jusqu’à présent ? » demande la voix sans timbre, pleine de scepticisme. C’est alors que ces écorces, je les déploie du plus que je peux : pleurera bien qui pleurera le dernier !

Je m’engage à livrer à ceux et celles qui engloutiront ces lignes, toutes les parties comestibles de mon existence. Je promets de dépouiller mon visage de tout masque, de renoncer à tout artifice, et de me présenter sans fourberie.
Si ce défi se révèle être un échec, la marche à suivre pour le remboursement de cette supercherie honteuse (par son audace) et risible (par l’étonnante profondeur de son contenu) se trouve après l’index thématique de cet ouvrage, page 1988.

Mais ne tergiversons plus. Matelot, je prends la mer.
M’accompagneras-tu ?