À quoi penser quand on ne pense pas

En cet agréable cours de déclin solaire de cette fin de semaine, qui n’est rien d’autre qu’un jour défini comme le dernier d’une liste, mais qui n’avait rien demandé à personne et aurait peut-être aimé se trouver être le cinquième ou le second, et ainsi disposer d’une certaine banalité dont les autres jours jouissent plus ordinairement, en ce simple dimanche donc, je décide de m’héler moi-même : « Est-ce qu’il ne serait pas temps de se baffer deux coups (la première pour réveiller, indispensable. La seconde qu’une baffe n’empêche pas le piège du siècle communément connu sous l’intitulé « snooze » (voilà la modernité, plus personne ne se lève le matin, l’urgence de la responsabilité est délayée)) et de pondre les trois-cinq croûtes qui me trottaient dans la turbine depuis une plomb ? » Réponse : oui.

M’enfin, pour paraphraser le film, c’est toute la question de la bravitude des choses, et je suis au regret de m’avouer intermittente de la pensée. On ne peut pas toujours penser, et d’ailleurs, on ne pense pas toujours. Il y a même des jours où l’on ne pense toujours pas. On me dira bien que je confonds réfléchir et penser, et on pense bien que c’est une question à laquelle j’ai déjà réfléchi. Je ne fais donc aucun commentaire à voix hautement écrite là-dessus, merci et à bientôt. D’où vient le mal donc ? Lénifience des sens ? Synapses mal configurées ? Distraction obstructive ? Ou faudrait-il fouiller du côté des possibles raisons pour lesquelles l’esprit ne s’étire pas ?

Oui, voilà que se profile la question du jour : sur quoi pense-t-on ? Et dans mon impropre cas, à quoi réagit-on ? Car lorsqu’on ne pense plus, cela va souvent de pair avec un défaut de réaction. La tête ne se trémousse plus, et le corps est désélectrifié. On baille intérieurement en regardant lascivement passer dans l’air les opinions et commentaires d’autrui sur les sentiers de sujets battus (et à rebattre), on tombe la tête lorsque les passions se déchaînent et on rentre tôt quand les pavés s’allument. Désintérêt de l’autre et repli sur soi ? Glaçage de l’appareil à penser ? Ou bien les encres s’estompent-elles sans jamais s’imprimer sur l’écran mémoriel ?

Tout ça pour lire, j’ai soufflé trois lignes (des livres qui m’ont éraflée en les lisant, mais dont les traces ont séché depuis, miettes d’une lointaine ingestion) sur quelques uns des romans engouffrés ces derniers mois. Le billet s’est programmé de lui-même dans le passé, alors que je poussais avec beaucoup de pression poucière la touche « publier maintenant ».

Notons que ce cafouillage en dit long sur la technotention qui ferait main de se mieux manoeuvrer.

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