En vaisseau, Simone !

La catégorie SF, pour laquelle je ne donnais pas cher de ma peau l’année dernière, s’était finalement soldée par une excellente surprise, avec la lecture du tome 1 de Fondation. J’étais donc bien mieux disposée cette année envers la catégorie de space opéra, pour laquelle je pensais me rabattre sur le tome 2 de Fondation ou bien la bande dessinée de Graig Thomson, Space Boulettes (finalement un peu trop jeunesse à mon goût). Mais ces conciliabules en interne étaient sans compter le conseil enthousiaste d’une collègue sur Le Guide du voyageur galactique (ou la saga H2G2, abréviation de son nom original, The Hitchhiker’s Guide to the Galaxy), qui en 8 mots, a suffi à motiver son achat le jour-même (la puissance de la concision).

Alors que la Terre est sur le point d’être détruite pour faire place à une voie express hyperspatiale, Arthur Dent, un humain vivant tranquillement dans son petit coin de terre, est sauvé in extremis par son meilleur ami, Ford Prefect. Ce dernier s’avère être un extraterrestre arrivé 15 ans plus tôt sur la Terre, initialement pour faire un simple repérage d’extra-badaud, et resté bloqué par inadvertance (de badaud à ballot, il n’y a qu’un pas). Mais avec la démolition de la Terre, une échappatoire lui est offerte et il entraîne Arthur dans son sillage : c’est reparti pour faire un tour dans la galaxie, afin de compléter ses notes pour la nouvelle édition du Guide du voyageur galactique, le guide du routard indispensable à tout voyageur désirant survivre en milieu galactique (plus ou moins) hostile.

M. L. Prosser n’était, comme on dit, qu’un homme. En d’autres termes, c’était une forme de vie bipède, fondée sur le cycle du carbone, et descendant du singe.

Coup de cœur, pour ce livre d’une légèreté qui défie les lois de Toto. Douglas Adams manie avec succès l’ironie, le ton sardonique et le loufoque, de son savoureux humour anglais, faisant effectivement penser aux Monty Pythons : c’est débile, comme pas permis. Le genre de débile qui nous fait regarder la page pendant cinq secondes, avant de murmurer, incrédule : « il a pas osé… » Du Tristram Shandy version SF (hey, ils font tous deux partie des listes de livres qu’il-parait-qu’on-rit-vraiment-beaucoup-puhu).

- Vous savez, remarqua Arthur, songeur, tout cela explique un tas de choses : toute ma vie durant, j’ai eu cette étrange et vague sensation que quelque chose dans le monde était à l’oeuvre, quelque chose d’énorme, voire de sinistre, et que personne ne voulait me dire quoi.
- Non, dit le vieil homme, ça, ce n’est que de la paranoïa parfaitement normale. Tout le monde ressent ça, dans l’univers.

Le livre regorge de répliques hilarantes, de petites piques et de concepts tournés en dérision. Douglas Adams interrompt souvent l’action d’une scène – qui de toute façon, n’a jamais grande importance – pour faire soudainement échanger deux personnages, au summum de leur absurdité, sur des questions très absconses. Il marie les contraires et manie la rupture de tons : du gros délire, qui rentre immédiatement dans les annales !

Comment te sens-tu ?
- Comme l’Université après réduction des crédits, répondit Arthur : j’ai perdu une partie de mes facultés.

Un nouvel univers s’est ouvert à moi, où les serviettes revêtent une importance capitale, où les dauphins ne sont pas là juste pour déconner, où on prend un max de temps pour essayer de répondre à LA question existentiellement métaphysique, avant de déclarer mystérieusement que… « C’est coton. »

J’ai dévoré ce premier tome, qui est passé à une vitesse folle et ne dérobe jamais aux joies du rire: on piaffe et on s’esclaffe, littéralement jusqu’à la dernière page, qui introduit sa suite. D’ailleurs, les titres des volumes constituant cette « trilogie en cinq tomes » sont alléchants – et mentionnés via l’intrigue de ce premier livre : Le Dernier Restaurant avant la fin du monde, La Vie, l’Univers et le Reste , Salut, et encore merci pour le poisson, Globalement inoffensive.

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