4/7 Retour à l’enquête

Anna de Noailles nourrissait une vénération pour les dieux grecs : son royaume se constituait, entre autres, « exclusivement de mots, d’images et de légendes, de plaidoyers féministes et d’allusions à la mythologie… ».
Je remets à plus tard, encore, l’introduction du personnage qu’est et de la personne qu’était Anna de Noailles pour cette recherche : car je viens de m’affaler sur ce lien ô combien fascinant qui semble délivrer un permis de déchiffrer. Mais comme il est tôt dans ma lecture, je le laisse se balancer sur son pneu dans le congélateur…

Ainsi ira toujours Cocteau : passant du réalisme à la mythologisation, montant et descendant toute l’échelle du vivant.

Le même qui est amené à « deviner un peu partout la présence des dieux qui hantaient autrefois la Méditerranée et que le symbolisme, puis Nietzsche, ont réveillés. »

Merveilleuse avancée : le doute immiscé ne se permet plus rien puisque nous sommes à présent bien assurés du rôle que le symbolisme a joué dans ce réveil. Ma petite loupe avait crayonné plusieurs allusions à Nietzsche mais voici venue la sentence qui confirme ces ratures.
En bon rebut imprégnée d’une alanguissante déperdition philosophique, Nietzsche, (oc)culte.
Bref, plus de temporisation possible, plus de remise à plusieurs décennies quand mon corps sera apte à recevoir un enseignement minimal de la chose, va falloir extraire le col de la terre, autruche à pluche !
Donc, puisque je connais une rousse, qui connaît un enfant de maçon, qui n’a rien à voir avec les livres de Nietzsche qu’absorbe la rousse depuis quelques semaines, je saurai à qui supplier après les festes, pour éclaircir cette mystérieuse inspiration… Après les festes, le temps accordé pour conclure les chapitres en lecture…

Mais voilà qu’une autre prise m’interpelle, lisez vous-même :
Condamnés par le christianisme à une existence douloureuse et clandestine d’exilés, les dieux païens n’étaient plus accessibles qu’au travers de rites occultes, selon Heinrich Heine : Cocteau cherche toutes les occasions d’atteindre ces génies refoulés qui avaient fait la grandeur de la civilisation antique, dionysiaques ou apollinienne.

Oui de non ! Une piste très saisissante : une des fascinations qu’ont pu produire les dieux antiques et leurs mésaventures vaudevillesques, trouveraient raison de production dans cette interdiction chrétienne de les chérir. Très logique, puisque l’histoire a prouvé que défendre l’accès à l’objet de son envie, affermissait son envie. Mais ces rites occultes prennent racine peu après la mainmise du christianisme sur le sol européen : ont-ils perduré jusque nos siècles, ont-ils ressurgi au précédent, n’ont-ils jamais disparu d’au moins de l’art et connu une recrudescence jusque dans le quotidien humain des habitants du XXème siècle ?

Je me courberais volontiers pour la dernière hypothèse – néanmoins ne taisant pas d’autres inconnues mais d’avantage probables – en ayant à donner cette fabuleuse capture, révélatrice de l’atmosphère de l’époque : « C’est vous Paris, ma chère Athènes. »

Du reste, subsiste l’instigateur, Heinrich Heine, dont le nom m’évoque du vent, des vagues et des crissements de pneus, et aussi des textes philosophiques : est-ce que l’entière communauté a observé là-dessus ? Il faut croire que Freud et tutti quanti en dehors de toute psychanalyse, n’avaient pas délaissé assez à composer avec (à moins que Freud ait aussi touché à la mythologie (le complexe de Œdipe, il compte pas d’abord) ? oh, le coup dur pour le coup…).
Après cette inoffensive querelle d’amoureux qui laisse entrevoir le puits abyssal de mon ignorance du justement bien-aimé, ainsi que toutes les opinions, méprises, imbécillités et autres idées fines qui me fissurent à son sujet, je promets donc de pallier à cette carence.
De pallier vite.
Ultérieurement.
Et juste Nietzsche.

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