« Au lit, les amoureux, c’est presque l’heure des fées »

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Thésée épouse Hippolyta, qu’il a conquise dans la violence. Mais les deux futurs mariés royaux n’ont pas le temps d’en profiter, voilà Égée qui vient se plaindre de quelque difficulté en son foyer : sa chère et tendre fille, Hermia, refuse elle-même de se marier au prétendant qu’il a choisi, le viril et belliqueux Démétrius. Il faut dire qu’Hermia s’est entichée de Lysandre, lui-même très amoureux d’Hermia, mais cet amour réciproque n’est pas suffisant aux yeux d’Égée pour faire un bon mariage. En marge de ce triangle insatisfait, il y a la pauvre Héléna, à laquelle Démétrius avait un peu fait la cour précédemment, qui en est tombée raide et se retrouve le bec dans l’eau maintenant que son prétendant s’est fait la malle. Bref, le roi Thésée, en ayant un peu ras le bol de ce gros bordel, finit par valider la plainte d’Égée : Hermia étant une donzelle sous la loi du père, si elle ne se met pas fissa à la page du patriarche et refuse d’épouser Démétrius, on lui préparera une bonne exécution publique qui la calmera de ses ardeurs (l’histoire ne dit pas si le père est vraiment cap d’aller au bout de ses menaces d’infanticide). À l’évidence, Hermia et Lysandre ne souhaitant pas s’en faire conter jusque dans la mort, ils décident donc de prendre la fuite, direction les bois enchantés, où les poursuivent Démétrius et Héléna…

Si tout ça n’est pas assez simple pour vous, sachez que dans les bois aussi il y a facétie et galéjade. Les bois sont le domaine de deux autres royautés, Obéron et Titania, roi et reine des fées. Sauf que voilà, ça se chicane aussi, au nom d’un petit garçon dont ils se disputent la garde (cette affaire n’est pas bien claire). Reste qu’Obéron, afin de remettre la main sur ce petit écuyer, décide de jouer un mauvais tour à sa puissante dulcinée, par le biais de son lutin un peu farceur, le fameux Puck. Il confie donc à Puck la tâche de jeter un sort à Titania : qu’elle tombe en amour avec la première créature qu’elle verra au réveil. Tandis qu’il confie cette mission au malicieux Puck, il entend la pauvre Héléna se prendre des rebuffades pas classes de la bouche de Démétrius, et Obéron qui n’apprécie pas trop la misogynie quand il la voit chez les autres, ordonne à Puck de jeter le même sort à Démétrius, afin d’inverser les courants amoureux. On le devine, rien ne se déroule comme prévu : Puck n’y entend rien en description physique d’humains et jette son sort à Lysandre, puis à Démétrius, qui se mettent tous deux à poursuivre Héléna. Quant à la reine Titania, c’est un âne qu’elle aperçoit à son réveil…

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Voilà pour la trame lançant les festivités enchantées du Songe d’une nuit d’été, qui est tout bonnement jouissif. C’est un embrouillamini d’intrigues amoureuses et non amoureuses, d’esprits malicieux se mêlant d’affaires qui ne les regardent pas, mais après tout, en quoi les pères ont-ils plus à dire dans ces histoires que des lutins des bois ? Les piques que s’envoient les quatre jeunes Athéniens, à mesure que les courants s’inversent et que les incompréhensions se multiplient, sont des pépites de répartie, et les crêpages de chignon et de toison m’ont fait me taper la cuisse à moult reprises. En dénouement, Shakespeare nous régale avec une petite mise en abyme sur le théâtre : le roi Thésée épousant enfin Hippolyta, ils décident de choisir en représentation lors de leurs noces la troupe de théâtre proposant le pire descriptif de pièce jamais vu. La troupe de comédiens benêts, magistrale dans ses ardeurs théâtrales complètement ridicules, offre un tacle et une critique tout à fait hilarants pour conclure cette comédie festive.

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