1/7 « Narcisse incapable de s’aimer soi-même

[…] dira Jacques Brosse, il a besoin de l’autre qui est à son image au miroir mais une image magnifiée, l’image de ce qu’il voudrait être et a conscience de n’être pas.

Certes, il y a eu des Britannicus, Horace ou encore Artamène, des Sénèque, Phèdre ou bien Télémaque… De mémoire plausiblement défaillante, tous du siècle du roi ensoleillé. Est-ce du pour l’époque, à la querelle des Anciens et des Modernes, dont les premiers auraient défendu ce goût de l’esthétisme antique au prix de ces pièces éponymes ?

Hum, qu’annonçait La Bruyère en remarque liminaire déjà… Que tout était dit et que l’on venait bien trop tardivement, depuis 2000 ans qu’il va des hommes et qu’eux pensent : on ne peut que glaner des anciens et les habiles d’entre les modernes (approximativement : mais pour rien à la nuit ce soir, j’irai déplacer les montagnes d’annales pour retrouver mon exemplaire commenté de ses remarques…).

Mais ce que je ne m’expliquais pas, c’était pour quels prétextes, ce regain d’intérêt commun à l’entre-deux guerres pour les racontars mythiques : j’ai eu vent râpeux des débats sur actualisation et trahisons des interprètes du début séculaire, et comment y intégrer des préoccupations pacifiques et les engagements à l’encontre des belligérants trépassés en leurre, et ceux en devenir.
Mais pourquoi ces Marius, Electre, Antigone, Œdipe Roi, cette Machine infernale ou cette Guerre de Troie [qui] n’aura pas lieu, ces Mouches, tous ces plagiats / sauvetages de l’oubli à foison qui puisent leurs actants en même temps que ceux venus aux heures ancestrales, sur l’agora prêter une cavité à un sophiste ? Pourquoi tous ces nouveaux mythes ?


Du même ouvrage, je tire une seconde citation peut-être (sûrement) mal assimilée (mais le principal n’est-il pas de ragaillardir ma matière ensommeillée et de galvaniser un peu mon moteur gris hi hi) qui pourrait proposer des éléments en réponse :

Nourri d’art médiéval, renaissant mais aussi romantique , le symbolisme, sans doute le dernier grand mouvement passéiste éclos en Occident, avait suscité par réaction une volonté d’explorer les secrets du monde et les confins de l’âme et, par-delà ses Mercures androgynes, ses Narcisses blêmes et ses Orphées portés par des chapelets d’anges, toute une alchimie brumeuse où certains avaient vu une voie d’accès à l’ésotérisme et même au religieux, l’Univers n’étant que le symbole d’un autre monde auquel la poésie, le spiritisme, le rêve et l’Idéal, mais aussi le jeu des analogies et l’étude des chiffres, devaient servir d’initiation.

(là où je bute dans les nippes de rideaux, c’est qu’il me semble que ces farouches défenseurs pacifiques étaient en majorité athées, donc je n’attribue guère de sens à cette évocation de religions, etc. Est-ce que là où certain ont plongé leur âme dans la foi, d’autres ont trempé leur encre dans les mythes ?)
Suite et fin :

[…] Proust pourra ainsi reconnaître dans les duchesses du Faubourg et les pianistes de Mme Strauss des divinités masquées, dignes de la reine de Saba et d’Euterpe, et dans les forts des Halles qu’il croisait à l’aube, de lointains héritiers d’Hercule.
(Citation de Claude Arnaud)

Il signifie enfin par cela, que pour qui les mythes s’immortalisaient à chaque seconde, alors toute parcelle vitale vibrait de ces récits ancestraux (l’idée me plait beaucoup).

Et pour relier ce questionnement à un épisode de vie palpitante, tout ça pour dire que j’ai dépanné la mémoire vacillante de ma préceptrice en littérature anglophone qui bloquait sur les œufs de Léda : Castor, Pollux, Hélène et… et…
Et.. qui donc tiens ?
Une miette de sandwich thon-crudités pour aider à retrouver son sentier : ça commence par un « C » et c’est pô aisé à prononcer (cela dit, elle a eu l’air d’approuver en classe mais n’ai pas vérifié de mon rebord en rentrant au domicile… il m’avait juste semblé me souvenir d’une expression drolatique, « ta tante Léda » quelque chose, issue de la bouche en papier recyclable d’un personnage de Electre ou de La guerre de Troie n’aura pas lieu…).

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