Tag: Simenon Georges

Roman de gars

Concarneau, le soir. Un brave type, Mostaguen, sort d’un bar en titubant, sous le regard amusé d’un douanier. Quelques mètres plus tard, il s’effondre. Le douanier s’approche pour s’occuper du gonze et s’aperçoit qu’il est troué du flanc et qu’un liquide rouge opaque s’écoule de l’ouverture. Un chien jaune est couché à ses côtés. Maigret, qui a été dépêché dans la région, arrive dès le lendemain sur les lieux du crime, secondé par Leroy, un tout jeune inspecteur du coin aux méthodes modernes (comprendre : il relève les empreintes et les envoie au labo). Grâce à son savoir-farniente, Maigret va tout comprendre de ce qui s’est diantre passé.

Maigret - Le chien jaune

Je n’avais jamais lu de Simenon, et c’est par l’entremise de Penguin et des vieilles couvertures de leurs romans de gare (B. !) que j’avais relevé l’étonnante taille de sa production (iciiçà ou encore li). Penguin s’est relancé récemment dans une grosse entreprise de réédition de tous les Maigret, et j’ai donc décidé de sauter le pas !

Première impression : l’écriture désarçonne…! Ce n’est pas bavard, pas descriptif, pas explicatif. L’action n’est pas non plus des plus dynamiques et on peut vraisemblablement dire qu’il ne se passe pas grand chose. L’écriture plutôt caricaturale ne s’embarrasse pas de subtilités visant à complexifier les tempéraments et motivations des personnages, pour justifier qu’ils se trouvent dans une situation. Maigret est là, il attend, il se tait, il fume. Il sort, il rentre, il ressort. Il grommelle, on lui téléphone, il écoute, il raccroche. Il commande un demi, demande qu’on lui foute la paix et tente de faire admettre à la serveuse le nombre de mecs avec lequel elle s’entiche. Il la gronde, il lui pince la joue, il la reluque mais reste classe : l’homme, c’est lui, les chiens c’est les autres. C’est le commerce du quotidien.

Maigret on TV

Je me souviens évidemment des épisodes du Commissaire Maigret à la télé, jamais suivis avec assiduité : eh bien, j’ai trouvé Le Chien jaune du même acabit, un poil soporifique. Son côté désuet ne m’a pas non plus amusée des masses : l’intrigue n’est pas palpitante, la caractérisation des personnages est inexistante, l’écriture est scénaristique (mais pas pour des effets de style), Simenon ne prend parfois même pas la peine de faire des phrases complètes… Bref, il n’y a pas grand chose à sauver, si ce n’est le temps investi dans la lecture en s’en rendant compte pas trop tard. Prenez gare, si vous vous attaquez à Simenon : comme l’avait déjà souligné Jean-Bingo dans son excellent billet de 2014 (où il résume très bien le côté daté, caricactural et grotesque de ses histoires), ce n’est pas de la noble littérature.