Le mot juste

J’écris ces pages pour puiser dans les livres que j’aime, dans les rêveries et les réflexions qu’ils m’inspirent, la force de penser. On découvre ce que l’on pense en écrivant.

La Marche du cavalier, Geneviève Brisac

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Ces semaines juniales furent riches en Brisac, entre la lecture palpitante de La Double vie de Virginia Woolf et La Marche du cavalier. Écrire sur les écrits, critiquer et encenser sur le mode de l’écrivain plutôt que celui de l’académie : une posture qui avait tendance à me faire frissonner, au souvenir d’hommages égocentriques ou de témoignages bien romanesques. Mais Geneviève Brisac (et Agnès Desarthe), loin de déplacer l’angle d’attaque du luminaire, plongent la pleine lumière sur leurs sujets. Envoyant une chiquenaude à Marcel, elles puisent dans les biographies des éléments éclairants et les distillent, sans faire d’histoire, à mesure qu’elles commentent et décortiquent, avec acuité, les cuirassées que l’Histoire a souvent oubliées sur le champ de bataille. Un enthousiasme bien moindrement éprouvé à la découverte des Sept femmes de Lydie Salvayre, qui se voient mises en scène dans une mêlée de sentiments de l’auteur et de fragments de leur propre biographie, dans une apparence de cadre analytico-poétique qui déçoit par son manque de pénétration.

« Le travail de l’écrivain est de trouver le mot juste« , disait Jean Rhys, citée par Brisac. Si le travail du critique était celui de trouver la note la plus juste, appliquée à un autre que soi ?


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