Tag: Rutten Mélanie

Petit paysage au centre de la terre

C’est un livre un tantinet atypique, tout à fait représentatif du travail des éditions MeMo que je choisis aujourd’hui de présenter : une histoire à ambiance, poétique, où le graphisme et la narration aérienne font voyager et questionnent.

Nour déménage : sous la forme de six chapitres thématiques, le lecteur suit Nour dans son quotidien pour trouver un autre endroit où vivre. Entre des « instants », « un cauchemar », « un rêve », « du bruit dans la forêt » et « la surprise », promise dès les premières pages par son tendre ami, Ökö, il s’agit d’accompagner Nour dans les moments de simplicité de son quotidien, ces anecdotes qui font toute la matière d’une existence.

Le texte et les illustrations, réalisés tous deux par Mélanie Rutten, se complémentent avec évidence : les couleurs crayonnées de l’illustratrice tantôt remplissent la page, pour envahir l’esprit du lecteur comme l’espace envahit lorsqu’on débouche soudainement sur un paysage ; tantôt la parsèment, par le biais de vignettes pleines d’humour, montrant une courte évolution de Nour dans l’espace et le temps (Nour grimpe dans un carton, s’y confine, puis en sort ; Nour se promène dans les bois, arpente le sentier, en quête d’énigmes…). Texte et image se renvoient l’un à l’autre, se commentent, figuratifs : les formes rondes et les couleurs pastel sécurisantes du dessin font écho aux paroles douces, rassurantes et ouvertes.

L’album des éditions MeMo a clairement une fonction poétique. Il s’agit avant tout de créer une atmosphère délicate, faite de sensibilité, par la beauté des mots et des images. Le texte apporte des précisions « intérieures » : Nour s’éveille à des sensations et des sentiments, et apprend doucement à les apprivoiser.

Nour, le moment venu, de Mélanie Rutten. L’univers crayonné qu’a créé l’auteure se déploie sous plusieurs albums, en suivant d’autres personnages croisés au virage de certaines pages : Eliott et Nestor, Mitsu, ou encore Ökö. Une auteure qui, par petites pointes assénées de mines taillées, attendrit jusqu’aux nerfs les plus pointus.