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Le silence est d’ombres

Alors que la boucle de cette première partie se dénoue sereinement pour laisser la scène à de moins oniriques études, il me faut affubler le Fichtre de quelques mots sur The Shadow Lines, fresque, litanie, tirade magistrale de Amitav Ghosh. Car mon squelette étant constamment rabiboché de pièces artificielles, il faut bien avouer une certaine satisfaction que de détenir un nom dans l’antichambre des canons littéraires. Eh oui, ce n’est pas tout que de savoir l’illustration de Voltaire, c’est encore mieux que de coller à la contemporanéité, et le postériori seul sait combien il faut patienter dur afin que les oeillères du présent finissent de se ratatiner. Oui, il faut laisser au temps le temps, ce n’est qu’ainsi que l’on peut estimer à bien ce qui mérite de demeurer au champ d’honneur, et ce qui se doit d’être balayé par l’arrivée en masse des nouveaux corps.

Pourtant, quelle satisfaction quand on est certain de détenir un futur cadavre qui ne se désossera pas de sitôt ! Quand on peut jurer sans sursis sa nouvelle sincérité, son approbation ! Mais enfin, on me dira que si la chose est si vendue, c’est que la prise de risque est peut-être moindre face aux expérimentations incertaines qui trouveront bientôt leurs suivants du futur. Peut-être après tout est-ce une littérature facile que celle unanimement chantée. Ce sont bien entendu de ridicules retenues, et une littérature approuvée n’est pas forcément inéprouvée.

Amitav Ghosh accouche d’un texte fulgurant, maîtrisé, aux nombreux questionnements contemporains qui s’inscrivent dans un texte vibrant, une pierre de Rosette qui se fait écho, et renvoie à ses proches comme ses lointains, ses dilemmes et ses fausses vraies solutions. C’est un manifeste de résistance, d’accointance et d’indifférence dans son sens le plus nul : l’absence de sens fondé dans la relative notion de différence. C’est un texte qui a remué mes méninges et dont je re-chahuterai bien vite !