Début d’un parallèle

Il y a de la légèreté dans cette enthousiaste défense d’une machine à nostalgie, une once très mince de provocation marylinesque, un trait de rouge qui déborde en riant en marge des lèvres, et peut-être, peut-être seulement, un goût de fleur de sel quand un bout de langue pourlèche un rebord et le mord.

Je m’explicite. J’ai ranimé ces extraits d’une discussion empreinte de ferveur idéologique (et baignant dans des contradictions amusantes) suite à un échange qui initiait l’agrandissement d’un petit feu en bûcher littéraire, le livre numérique et ses technologies de liseuses. Me positionnant en faveur d’une connaissance approfondie de ce nouveau synthétique, je me heurtais à une prise de position défenseuse des valeurs du livre traditionnel (oh comme je goûte à cette appellation…) : au parallèle inversé de cet échange sur la photographie.

J’étais, tout à coup, dans la cour des grands que j’avais sciemment refusé de pénétrer quelques années auparavant, mouillant mon sang à la terre des plus jeunes de mes ancêtres et rayant, sabotant le cordon qui me relierait à mes descendants. J’en ris, le cœur un peu vidé, la gorge vibrant d’incertitude : car mes nouveaux marqueurs au sol du territoire argumentatif ne sont pas aussi stables que semblaient l’être ceux dont naissaient les cris passéistes. La noblesse et l’invariabilité de ce qui s’efface par l’oblation oublieuse des usagers rendaient ferme ce petit poing serré.

Le cœur n’y trempe pas son biscuit bien ramolli, mais les synapses forcent les rapports : un instinct de survivance réclame à tempo régulier, d’une sourdine en exacerbation, d’un papier de verre qui se fissure… Ne reste pas derrière. Tiens-toi à l’avant. Il n’est nulle obligation de piloter, nul forçat de savoir la route, mais il est un impératif de tenir la vue, pupilles dilatées et regard froncé qui ne se détourne pas.

Qui défendra l’objet livre et le contenu si le diktat progressif des avancées est l’amant des agendas contraires à nos vents ?

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