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Autant en emporte le vent d’État

V_for_vendetta

Il me semble avoir vu des bribes du film en 2008, dans l’avion qui m’emmenait au Canada – la vague impression de me rappeler Nathalie Portman au crâne chauve et en combinaison ocre – mais à part cela, je n’avais vraiment aucune idée de l’histoire qui se profilait derrière ces masques Anonymous, que l’on a pu voir fleurir lors des mouvements populaires Occupied, ou lors des hackings sur Internet. Résumons donc l’histoire de V. en quelques mots : à la fin des années 90, dans une société dystopique et annihilée, le pouvoir est entre les mains d’un illuminé, le Leader, lui-même à la botte d’un pouvoir plus grand ; une force conceptuelle, jamais clairement définie. Assis devant ses écrans jour et nuit, il voue un culte à Fate, le destin. Pendant ce temps-là, dans la rue, une pauvre orpheline tente d’aguicher le chaland pour la première fois : alors qu’elle est sur le point de se faire violer, elle est sauvée de justesse par un mystérieux homme à cape, à chapeau, à perruque et à masque. Ce dernier se fait appeler V. et la prend sous sa protection, dans les souterrains de son étrange repaire d’insoumis. Par le biais d’étranges envolées lyriques (Shakespeariennes) et de propos cryptiques, on comprend que V. veut faire tomber le système et réveiller l’anarchie…

Difficile de résumer les livres d’Alan Moore, qui sont bavards, complexes, référencés, et où les intrigues s’entremêlent, pour finir par converger les unes avec les autres (… ou pas). Scénariste assez génial de bande dessinée, Alan Moore écrit donc des scripts qui seront mis en images par des dessinateurs, d’horizons variés (mais toujours américains, il me semble). Cette fois, c’est un dessinateur de comics, David Lloyd qui prend la relève : si le style m’a rebutée les toutes premières pages, j’ai fini par complètement oublier mes réticences au genre, tant le texte était prenant, voire hypnotique. C’est donc une semi-victoire contre les préjugés ! Semi-victoire seulement, car hélas aux trois quarts du bouquin, le style graphique m’a épuisée. Certaines pages dessinées un peu trop vite me demandaient un effort de concentration, le graphisme des personnages, par moments pas très poussé niveau morphologie, m’a égarée (C’est qui lui déjà ? Mais… elle était pas blonde cette brune il y a quelques chapitres ?) et certaines planches sont bien trop sombres, rendant les détails difficilement discernables…

Le récit en lui-même est prenant, et le personnage d’Evey, cette demoiselle en détresse, nunuche toute la première partie du livre, qui finit par avoir un éveil de conscience sociale et politique, a été une agréable surprise. Mais le flot de paroles est tour à tour passionnant ou barbant, et le livre m’a échappé des mains vers la fin (il y a quelques épisodes dont on aurait pu se passer, ce qui fait perdre de l’intérêt à l’histoire principale). Une lecture qui m’a donné envie de fouiller un peu plus dans les rayons de bande dessinée à la lettre M, mais pas forcément de poursuivre dans le genre du comic (… although never say never).